mardi 30 janvier 2018

Tou be Chevat - le nouvel an des arbres 3

TOU BICHEVAT (cours n.3)

''l'arbre-fruit faisant un fruit''. Au moment de la création, Dieu a voulu que l'arbre soit lui-même un fruit. Mais la terre en a décidé autrement et a fait sortir un arbre qui fait des fruits. Comment comprendre que la terre ai un libre-arbitre pour faire ce qu'elle a décidé?

Le premier jour de la création, est apparue la lumière secrète, le deuxième jour, les eaux et le troisième jour est apparue la terre sèche afin de dévoiler l'unité supérieure divine. Mais la terre en a décidé autrement car il y a une différence entre l'arbre et son fruit. Il y a alors une différence, une séparation entre la source et le fruit, entre la cause supérieure et la conséquence dans ce monde, entre le père et son fils. La Chékhina ressemble au père et le peuple d'Israël à son fils. Dans la racine même de la création, il y a ce défaut qui s'est révélé. L'arbre-fruit faisant des fruits n'est qu'une matérialisation de quelque chose qui le précède.

Au commencement, Dieu est seul avec sa volonté. L'existence toute entière est incluse dans cette volonté unique. Pour le Ramh'al, l'essence de l'existence se tient dans le mystère du Kéli, du vase qui est inclus dans cette unité divine. Elle n'a pas d'existence propre. Son existence s'annule dans la lumière supérieure, dans l'infini parfait. Son existence est réelle mais elle est annulée comme cet homme qui pense à construire une maison. Son existence est en potentialité et non en fait. En vérité, cette création se trouve déjà en fait dans sa volonté mais dans une forme qui ne peut être perceptible par l'esprit humain. Cette existence va en se révélant et en se séparant de sa pensée. Et donc, tout le temps que l'existence est incluse dans sa pensée, dans la lumière divine, le bien est toujours là. Mais au moment de se séparer, le mal apparaît. Il apparaît lorsque l'existence se sépare de sa source. Le bien n'est que lorsque l'existence est incluse dans sa source infinie. ''la proximité divine est bonne pour moi'' proclame le Roi David. Retrouver le bien passe par retrouver cette proximité de l'unité divine. Le mal n'a d'existence que lorsque la création est actée. Dans le monde de la lumière, le monde de la Atsilout, le mal ne peut apparaître. Dans ce monde, l'existence est incluse dans la lumière divine. L'existence en elle-même entraîne la détérioration au moment où elle se différencie de la lumière divine, elle se tient alors à tout moment dans la révolte. Mais par le Shabbat, il est donné la possibilité à la création de revenir à son état antérieur d'avant cet état de fait. C'est cela la notion de Téchouva, se fondre de nouveau à la source divine en ressentant que Dieu est le seul moteur de l'univers. Alors commence l'annulation du mal. C'est par l'union que s'annule la dualité qui procède du mal. Le bien étant l'union et le mal, la séparation. À partir de quel moment s'est révélée cette notion de séparation? Au commencement, le Kéli était avalé à l'intérieur de la lumière, celle-ci dominait alors le Kéli et donc le mal ne pouvait exister. Ce n'est qu'au moment de la brisure des vases où la lumière s'est retirée du Kéli que le mal est apparu. Les trois mondes ''B-Y-A'' qui vont révéler l'existence des êtres séparés sont appelés le ''Kéli''. Au départ cette existence ''B-Y-A'' était UN avec le monde de la Atsilout, avec le monde de la lumière sainte et divine. Ils n'étaient qu'une seule entité appelée ''A-B-Y-A''. Atsilout était alors habillé de trois habits que sont les mondes des Kélim. La Atsilout elle-même ne peut être complète sans ses habits. Cependant lorsque ses habits se sont séparés et sont devenus indépendants, ils sont alors devenus des mondes séparés et non plus les habits de la Atsilout. Par cette situation, ils ont reçu une certaine autonomie car tant qu'ils étaient rattachés au monde de la Atsilout, ils avaient effectivement déjà une existence mais elle était complètement annulée par la puissance de la lumière divine du monde de la Atsilout. Dieu a alors enlevé la lumière du Kéli, il a séparé les trois mondes du monde de la Atsilout. Le Kéli n'étant qu'une pensée spécifique et qui est appelé la ''racine'' de toute la création, il lui a été conféré une domination autonome afin de se séparer et devenir une notion à par entière. Cette notion est ce qui s'appelle le ''Mal'' ontologique ou plus exactement la ''brisure des vases'' selon le Ari Zal. Cette séparation a un but suprême dans la conduite divine. La domination du Kéli est sa séparation qui elle-même est sa mort. Cette sensation de domination issue de la séparation ne peut perdurer éternellement. Cette mort d'après le Ramh'al est une chute de la valeur du Kéli. Cette chute est due à la séparation de ''B-Y-A'' avec Atsilout. Alors à ce moment ''B-Y-A'' reçoit un règne mais qui est bien moindre que la royauté divine du monde de la Atsilout. Et donc cela est appelé d'un côté une chute et d'un autre côté un règne. Ce règne est représenté par les rois primordiaux de la terre de Édom qui ont régné avant le roi d'Israël. Ces rois sont une allusion aux forces de la création qui ont été déconnectées de la lumière qui va permettre à ces forces d'avoir une sorte de domination. Ce règne n'est que temporaire et de suite, elles chutent comme le Zohar dit ''Dieu construit des mondes et les détruit''. Cette destruction prend sa source de la Klippa, de l'écorce, de la domination de ces forces qui sont séparées de la lumière de Atsilout. Il y a le Or et le Kéli, le Or est la lumière divine et le Kéli est l'existence de la création. Tout le temps que le Kéli est avec le Or, il n'y a qu'unité divine. Alors Dieu donne une certaine indépendance à ces trois habits afin qu'il aient une certaine autonomie particulière. Par cela, le mal et la détérioration se renforcent et aussi cela est le commencement de la réparation, du Tikoun. Comme il est enseigné à propos des ustensiles en argile qui sont impurs, ''par leur destruction réapparaît leur pureté''. Par l'annulation de cette domination, surgit alors la pureté du Kéli quivbbn accepte de nouveau le Or du monde de la Atsilout. Les trois mondes ''B-Y-A'' redeviennent alors les habits de la Atsilout. Ils se reconstruisent de nouveaux après s'être détruit en se séparant. Ces mondes prenant conscience qu'ils n'ont pas d'existence propre. Lorsque l'homme prendra conscience que '' Dieu nous créé et non nous-même'', alors il prendra conscience qu'il n'a aucune prérogative dans tout ce qu'il fait et ce qui lui arrive. Il redeviendra alors un Kéli qui se reconnecte au Or divin, d'une entité indépendante, il deviendra le réceptacle de la lumière divine sans aucune réalité propre, n'étant que le conducteur de cette lumière divine.

Il y a une Klippa qui domine extérieurement et une Klippa qui domine de l'intérieur. Dans chacune de ses actions, l'homme peut soit se séparer soit s'annuler et s'unir. Cela va dépendre de sa conscience au moment de l'action. L'action pouvant être la Klippa extérieure mais aussi le moyen de s'unir et la pensée étant la Klippa intérieure mais aussi le moyen de s'unir. La détérioration est mauvaise comme bonne, cela va dépendre de l'intensité spirituelle d'union que l'on va émettre. La séparation va créer une intensité spirituelle qui va pouvoir permettre de s'unir de nouveau au divin. La source de cette énergie est la détérioration même de la création. Dès la matérialisation de la création, le mal et la détérioration sont liés à elle. La réparation va se faire en s'unissant de nouveau à sa source originelle. Cela va créer une interconnexion du haut vers le bas et du bas vers le haut, les eaux masculines et les eaux féminines. La réparation va se réaliser lorsque celle-ci sera comme une femme aimante devant son mari. Donner une autonomie au Kéli n'est pas tellement une destruction mais un moyen de lui donner une existence propre. Et donc la terre pour qu'elle sorte des fruits doit se séparer de sa source pour développer sa propre existence et par cela, un libre-arbitre. Et donc pour se faire, la terre va produire des arbres qui vont eux-mêmes produire des fruits. Ces arbres vont alors se séparer de leur source afin de devenir eux-mêmes des flux uniquement. De même la lune va devoir se séparer et vouloir régner d'elle-même afin de créer la temporalité. Ce temps étant composé de 28 jours. De même la première femme a eu une existence individuelle après qu'elle ai été le Kéli absorbé par le Or qu'est le premier homme. Il y a un besoin à cette séparation afin d'engendrer, il faut que l'arbre ai une existence propre afin de fructifier, il faut que la femme ai une existence propre afin de procréer. Mais dès que cette séparation se fait et crée un ego, il faut de suite l'annuler afin de revenir à l'unité divine où toute notre existence ne dépend que de la lumière divine, c'est le niveau du Shabbat, de la Téchouva, du repentir. Cette sensation d'autonomie est le mystère de la Noukva c'est-à-dire le mystère de la lune, de la terre et de la femme. Cette notion d'autonomie est déjà incrustée dans la notion première du Kéli, le principe des trois habits devenant trois mondes ''B-Y-A''. et donc lorsque l'homme perçoit du mal dans le monde et se dit en lui-même ''ceci est aussi pour le bien'', par cette pensée profonde, il fait revenir cet événement à sa source unitaire. Lorsqu'un homme ressent qu'il a mal agit, il donne alors une puissance spécifique à son acte et renforce le mal. Mais celui qui relie son action à sa source divine, il est de suite dans le monde de la réparation. L'envie matérielle n'est qu'une pulsion issue du Kéli qui veut dominer et régner. Mais c'est dans ces moments que la foi va se renforcer et donner la force au Kéli de revenir à l'unité divine. Tous les événements en fait ne sont que des processus de retour qui sont mal perçus et qui peuvent alors renforcer la séparation du Kéli.

Il y a eu donc au départ la séparation entre l'arbre c'est-à-dire la terre et l’engeance qu'est le fruit. Si la terre avait sorti un arbre-fruit, il n'y aurait pas eu de séparation entre la cause et la conséquence, entre la source et le fruit. Maintenant, il y a une différence entre la terre et les cieux. Les événements deviennent autonomes et engendrent eux-mêmes d'autres événements mais en vérité, la conséquence elle-même est la cause où tout n'est qu'unité, tout n'est que perfection car sans séparation. C'est la Klippa qui va donner cette sensation d'autonomie au Kéli. Par cela, il est vrai qu'il peut tomber mais aussi, la Klippa peut lui donner une force qui le fera revenir à l'union divine. Ceci ne se fera que par l'acceptation que Dieu est le seul flux de la création. L'arbre n'a aucune force pour produire de lui-même des fruits. Il n'y a aucune domination de la Klippa.

Rav Mordékhaï, Chriqui

 

Provenance : Courrier pour Windows 10

 

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