mercredi 7 février 2018

Paracha-Michpatim- la soumission du corps à l'âme

 

Paracha ''Michpatim'' 

Pourquoi de suite après le don de la Torah et la révélation divine sur le mont Sinaï, la Torah nous parle de cas sociétales, du code civil et du code pénal qui en découlent? Il aurait été plus logique d'après certains maîtres de parler de la Paracha sur la construction de la tente des rendez-vous, du Mishkan qui est la résidence divine parmi le peuple d'Israël dans le désert et qui est la révélation de l'unité au sein même d'Israël.

Si le but même de la révélation sur le mont Sinaï est surtout la perception de la présence divine dans ce monde (car sinon pourquoi se révéler si tout doit rester comme avant, Dieu en haut et les créatures en bas s'il n'y a pas une cohabitation, une relation qui va se faire par cette révélation!) alors, il n'y a pas besoin de toutes ces lois civiles et pénales. Ces lois ne viennent que parce qu'il y a un manque dans la création ( les meurtres, les viols, les vols...). Il n'y a pas la crainte divine. Il n'y a pas cette relation idéale du peuple avec Dieu. En fait ces lois de Michpatim sont le remède qui précède le mal, la plaie. Anticiper les fléaux en donnant le remède, le remède étant la justice. 

Après le veau d'or, il y a ce retour vers les nations et vouloir leur ressembler. Il faut régler ce problème avec la justice et non avec la force. Cette justice n'a pas lieu d'être si nous nous conformons à la révélation du mont Sinaï. La Paracha Michpatim nous révèle une justice la plus idéale possible malgré qu'elle ne soit pas idéale. Il aurait été préférable de vivre une réalité où notre relation avec Dieu est parfaite afin de saisir, de comprendre et de vivre en harmonie avec tout un chacun. Et si cette harmonie ne se fait pas, c'est que l'on n'a pas reçu, on n'a pas compris le message de la révélation divine.

C'est ce que nous voyons à propos des lois sur l'esclave hébreu qui sont les premières lois civiles de cette Paracha. ''si l'esclave hébreu dit « j'aime mon maître, ma femme mes enfants» et ne veut pas être affranchi au bout des six ans d'esclavage'' (car en vérité, cet esclave selon les lois strictes de la Torah n'est pas considéré comme un être inférieur et le maître a beaucoup d'obligation envers lui qui fait que l'esclave se sent bien chez lui au point de ne plus vouloir quitter cette situation. La seule véritable singularité d'un esclave étant cette dispense des Mitsvot de la Torah car il est soumis aux lois de son maître qui lui-même est soumis aux lois de la Torah.) alors son maître lui percera l'oreille et ainsi, il restera à l'état d'esclave jusqu'à l'année du jubilé. Quel est le principe caché dans cet acte de percer spécifiquement l'oreille? '' Car cette oreille qui a entendu sur le mont Sinaï « vous êtes mes esclaves» sous-entend que vous ne serez jamais les esclaves de mes esclaves. Cet homme s'étant vendu comme esclave, alors son oreille qui n'a pas écouté doit être trouée''. Puisque cette oreille s'est fermée, s'est coupée de la véritable perception en fermant cette porte de la perception, il est logique que celle-ci soit l'endroit où l'oreille va être percée.

En fait cet esclave ne veut pas la véritable liberté mais il veut une liberté illusoire que lui procure ses instincts, ce semblant de liberté générée par ses envies, par ses désirs issus de ses sens. Il ne veut pas soumettre son envie. Nos maîtres nous enseignent qu'un homme doit être dans ce monde un esclave et soit il choisit d'être l'esclave de son créateur (Yotsro) soit l'esclave de son penchant (Yitsro). Si tu n'est pas l'esclave de ton créateur alors automatiquement tu es l'esclave de ton mauvais penchant, de tes sens, de ta perception, de tes instincts.

L'esclave en fait c'est nous-mêmes qui voulons nous enfermer dans la maison que ce maître a construit qui est le monde extérieur. Ce monde nous plaît. Il ne nous manque que cette soumission à Dieu. Le véritable pouvoir nous fait peur. Nous préférons un pouvoir limité par la loi. L'illimité nous fait peur car nous n'avons aucune perception de domination dessus alors que dans la limite, nous ressentons que nous pouvons dominer ces lois. Nous préférons un système qui nous permet d'exister de manière limitée et d'avoir l'illusion de ressentir que nous existons plutôt que de croire qu'en nous abandonnant à Dieu, nous allons annuler cette faculté de ressentir une certaine autonomie.

Dans la Kabbale, il y a un approfondissement sur la notion de porte et de Mézouza dont la valeur numérique est la même que ''Adonaï'' 65 qui correspond en fait à cet esclave qui ne comprend pas le ''Adnout'', le maître de la Kédoucha. Cet esclave préfère avoir comme maître, un homme car il sait qu'il peut s'arranger avec lui. Il a toujours une certaine domination sur lui, il peut l'atteindre, l'influencer, être en quelque sorte un maître lui-même pour lui. Car en fait, il manque cette perception de l'entendement représentée par l'oreille. Cette perception de la véritable liberté qui se clôture par la sortie d'Égypte et le don de la Torah. Cinquante fois la sortie d'Égypte est mentionnée dans la Torah qui correspondent aux cinquante jours depuis la sortie d'Égypte au don de la Torah pour atteindre la cinquantième porte qui est la porte de la véritable liberté où l'homme atteint la véritable unité divine. À ce moment, il appartient au véritable maître. L'oreille d'après le Ari Zal, à propos de Adam Kadmon, correspond au niveau le plus haut de l'union entre le corps et l'âme. Il y a plusieurs niveaux d'union entre le corps et l'âme. Le niveau le plus bas des unions est au niveau des yeux. La lumière des yeux sépare le Or et le Kéli dit le Ari Zal. Le Or est l'âme et le Kéli est le corps. La création a commencé avec la lumière des yeux ou plutôt, il y a une révélation de création. Il y a une nature qui se brise où la lumière s'élève et disparaît, une lumière qui est occultée. Mais après il y a un retour de la lumière dans le Kéli, un retour de l'âme divine dans le corps. Mais jusque là, l'âme ne peut habiter le corps car celui-ci est très épais et ne veut pas se soumettre à l'âme. Le Ramh'al explique que c'est seulement au neuvième millénaire où le corps et l'âme vont s'unir de manière parfaite. Mais déjà au septième millénaire, il y a cette union du corps et de l'âme. Le corps a besoin d'habiter quelque part car il ne s'est pas que l'âme est son habitat. Il y a donc une dichotomie entre le corps et l'âme. L'oreille correspond à cette union du corps et de l'âme. Grâce à l'écoute, le corps se soumet à la voix. Car se soumettre à la voix, à la parole divine est en fait la soumission du corps à l'âme. C'est le son du Chofar. Les enfants d'Israël voyant les voix au mont Sinaï. Ces sons qu'ils entendaient unifiaient complètement le corps à l'âme et alors ils étaient complètement libres. Le corps n'est plus soumis aux vicissitudes du temps. Il ne rentre plus dans cette dimension de la soumission aux problèmes de la société. Il est connecté différemment. Il n'est plus soumis aux influences du monde extérieur perçues par les portes sensorielles. À ce moment d'union, il n'est soumis qu'à la crainte de Dieu.

Par la faute du veau d'or, toute la lacune est venue dans l'oreille, le corps n'est donc toujours pas soumis à l'âme, il est soumis à la société et à ses problèmes. C'est pourquoi il faut la percer. Maintenant, nous sommes revenus à la conduite de la justice mais il faut avoir de la compassion dans la justice. L'esclave a un maître, son corps qu'il trouve agréable. Il ne veut pas quitter ce monde, cette conduite du jugement, cette conduite de Élokim. 

 5776 Rav Mordékhaï Chriqui

 

Provenance : Courrier pour Windows 10

 

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