jeudi 4 janvier 2018

Paracha - Chemot - Libérateur ou Éducateur



Paracha ''Chémot'' Libérateur ou éducateur?

Qui est en vérité Moshé Rabbénou?
 Au moment où Moshé aperçoit le buisson en feu qui ne se consume pas, est la symbolique du peuple d'Israël qui ne se consumera jamais. C'est la symbolique de l'éternité. Voyant Moshé se rapprocher, Dieu l'appela au sein du buisson et lui dit: « J'ai vu la douleur et l'humiliation de mon peuple en Égypte....pars et retourne dans la maison de Parroh et délivre le peuple...je serai avec toi et je te donnerai le signe que je t'ai envoyé et le peuple ira me servir dans cette montagne». Quel est le but de la liberté?                               Il y a apparemment deux étapes dans la libération: la sortie et le service.
 Avant la sortie d’Égypte, ils connaissent déjà Dieu mais ne le servent pas. Ils ne servent à ce moment que Parroh, ils sont esclaves de la matière. Ils ne connaissent Dieu que par la foi et non par la providence. Ils connaissent Dieu en tant que créateur. Cette notion de la direction du monde échappe au peuple d'Israël.
Le but recherché est-il la liberté pour la liberté elle-même où bien la servitude à Dieu? Cette liberté par la servitude va se révéler dans le désert ''Midbar'' qui a la même racine que ''Médaber'' ''le parlant''. Dans le désert, ils vont rencontrer la parole. Ils ne vont pas rencontrer de forme, d'image. Ils vont rencontrer l'enseignement. Et donc apparemment le rôle de Moshé est un rôle d'éducateur. Et ce peuple aussi va devenir éducateur des autres nations. Le but donc de la sortie d’Égypte n'est pas la liberté proprement dite mais l'enseignement de la Torah comme il est dit '' il n'y a d'homme libre que celui qui étudie la Torah''. Tous les hommes en vérité sont soumis à des idées fallacieuses, au désir, à l'envie, à la convoitise qui sont des conséquences de la domination de son ego (experiences limitantes). Nous sommes soumis à des principes étrangers, à des lois étrangères qui ne sont là que pour dissimuler la présence divine et qui vont former ces écorces qui vont nous emprisonner et nous asservir. Ces écorces sont ces pensées étrangères que notre cerveaux produit qui sont liées à la convoitise, à cette envie primordiale du premier homme. 
Toute l'humanité est soumise à ce pouvoir qui est régit par des lois de l'ordre de l'extériorité. En étudiant la Torah, on sort de cette emprisonnement, de cet esclavage intellectuel de ces idées issues des envies pour entrer dans l'éternité ou plutôt dans l'infinitude, dans le monde sans ses limites car nous sommes dans la parole de Dieu ou plutôt dans la pensée divine. 
C'est cela sortir d’Égypte, c'est la sortie des limites, sortir des lois que les hommes ont inventées à partir des lois vraies de la nature. Le Roi David définit les pensées humaines comme n'étant que vanité car n'amenant pas à la perception divine qui est au-delà des limites que ces pensées elles-mêmes érigent. Cette connaissance issue de l'arbre de la connaissance est cette Égypte. En vérité, l'exil d’Égypte est la finalité de la faute du premier homme, c'est sa matérialisation dans la création. Israël est en quelque sorte la progéniture de Adam qui descend en Égypte pour réparer sa faute. 
L'Égypte enferme donc l'essence de la vie, elle présente une autre face de la vie qui passe par l'envie de la connaissance. La sortie d’Égypte nous amène non pas à une liberté des sens mais à une servitude des sens. C'est cela la véritable liberté, ne plus être soumis aux pulsions du corps. Et ceci passe par la Torah, vivre cette Torah, faire que la Torah soit sa préoccupation afin de faire une expérience avec Dieu, l'expérience de l'éternité. Chaque action que nous faisons selon la Torah, arrache de la temporalité les étincelles divines pour les inscrire dans le monde de l'éternité.
En quoi la Torah peut-elle être un signe de liberté? 
L'exil se dit ''גולה'' ''Gola'' et liberté ''גאולה'' ''Guéoula''. La seule différence est le ''א'' ''Aleph'' qui correspond au ''אחד'' à l'unité divine. La seule liberté passe par la perception de l'unité divine. La sortie d’Égypte est de faire descendre l'unité divine dans la création. L'exil est en fait la perception de notre existence en tant que réalité dissociée. La liberté est cette perception de notre existence en tant que réalité associée à toutes les autres réalités de ce monde pour ne faire qu'une seule entité. L'étape suprême de la délivrance est cette union avec cette pensée universelle.
Quel est le rôle de Moshé dans ce processus? 
Il est celui qui va apporter la Torah. Il est le lien entre Dieu et le peuple d'Israël. La Torah est là pour désacraliser l'extériorité de la matière, pour saisir la sainteté qui y est enfermée et ne plus être attirer par sa puissance d'attraction.
Le Zohar explique que le peuple d'Israël n'a été exilé que du fait de ne pas avoir étudié la Torah au moment de la destruction du premier temple. Ils ont cessé de tisser ce lien avec Dieu et donc sont retournés dans l'exil du corps. Et donc, la libération ne pourra revenir que par l'étude de la Torah de Moshé. Avant le don de la Torah, le peuple d'Israël a eu le mérite d'être libéré par le mérite des patriarches mais maintenant cela sera par le mérite de la Torah que Moshé nous a transmis. Cette Torah s'inscrit dans un monde d'extériorité par des actes matériels mais elle n'est qu'intériorité. La Torah doit s'exprimer par la Matsa mais il y a la Torah sans la Matsa.
La providence ou ce que le Ramh'al appelle ''l'unité de la direction du gouvernement'' n'est que théorique dans l'exil. 
L'exil n'est pas l'exil de Dieu mais l'exil de la connaissance de la direction divine du monde. Lorsque l'on parle d'exil, on parle de l'exil de la Chékhina, de la présence divine. Cela ne fait pas référence à l'exil de l'être suprême car l'être suprême est partout. Il est omnipotent, il est omniscient. C'est l'être suprême, c'est le transcendant, le créateur mais c'est aussi l'être qui est présent partout et tout le temps pour celui qui veut le trouver et s'éloigner de la perception des sens non pas pour couper avec la perception des sens mais pour retrouver autrement nos véritables sens. Pour cela, il faut d'abord trouver le sens essentiel de la vie qui est la perception par le truchement de l'arbre de vie et qui est l'origine même de la vie, l'arbre de vie, la source de vie qui est la Torah et qui est la révélation que le peuple a perçue au mont Sinaï. 
Par cela, l'homme peut alors entrer dans la terre d'Israël, dans la terre des sept peuples qui correspondent aux sept principes inférieurs. C'est une terre qui englobe toutes les autres terres. C'est une terre aussi où se révèle la parole divine qui se traduit par la direction divine de l'histoire. La présence divine est efficiente et dynamique dans cette terre qui peut être expérimentée par chacun.
 En exil, le règne de l'unité ne se trouve pas dans un niveau dynamique, dans une dimension dynamique mais elle est cachée et occultée. Dans la terre d'Israël, il y a cette révélation au même degré qu'au mont Sinaï. Et donc la terre d'Israël comme le mont Sinaï et la Torah est le moyen pour permettre d'approfondir cette découverte. Il y en a qui ont fait de la Torah, une sorte d'académie et c'est à ce niveau que se trouve aussi l'exil.
 La Torah n'a pas été donnée pour en faire une science intellectuelle de l'enseignement, de l'éducation car toutes ces faces de la Torah ne sont qu'un moyen car il y a un but à la Torah. Ce but est le service divin. Ce service sert à éclaircir cet espace opaque qu'est la matière et qui occulte la présence divine. Seule l'essence divine existe, tout le reste n'est qu'une expression de cette volonté qui est infinie. Mais cette volonté ne peut s'exprimer que dans ce monde et ceci ne peut se faire qu'en réparant cette matérialité dans cet espace qu'est la terre d'Israël. Le but final est le dévoilement du divin à travers la terre. Et c'est cela le rôle de la Torah, apprendre à sanctifier et à élever la nature, révéler l'unité de Dieu à travers la dualité de la nature.
 On n'a pas besoin de la terre d'Israël pour croire en Dieu mais on en a besoin pour trouver Dieu dans la terre, dans la conduite de l'histoire du monde qui passe par l'histoire d'Israël pour amener l'homme à la complétude. Le travail de Dieu est d'amener la création au degré de l'éternité et pour cela, il invite l'homme à quitter l’Égypte, à quitter l'esclavage des idées fallacieuses et la matérialité pour la matérialité, la liberté au nom de la liberté. C'est la Torah dans son intériorité qui va nous permettre de comprendre la liberté et la vie elle-même. C'est la liberté pour sortir des limites et atteindre l'illimité. Sortir du règne de la quantité pour entrer dans le règne de l'unité.

 La sortie d’Égypte est justement la sortie de ce règne de la quantité, du multiple, du règne des vases pour entrer dans la terre d'Israël, la terre que les yeux de l'éternel fixent. C'est dans cette terre que se trouve la présence divine, la Chékhina. C'est là-bas où il y a la véritable révélation car la révélation du Sinaï est temporaire et éphémère. La terre d'Israël est le but de la sortie et non la Torah. La Torah est la perception du Dieu transcendant, par la terre d'Israël, nous vivons un Dieu immanent. C'est la dimension de la Chékhina. 
Sortir d’Égypte est surtout sortir des idées fallacieuses de cette égyptologie, de toute la connaissance sensorielle, de tout le cognitif, les pensées de l'expérience humaine qui sont en fait les limites de la connaissance. Cette connaissance est vanité car elle est liée au vouloir et n'est pas liée à l'annihilation de la pensée humaine par rapport à la pensée divine. Par cette annihilation, on peut recevoir la Torah qui est en fait le pouvoir de recevoir la possibilité et la faculté de comprendre la terre, de comprendre la liberté, de comprendre la délivrance, de comprendre réellement l'immanence de Dieu. Car au niveau de la transcendance, on a cette perception depuis le premier homme. Seule la terre peut donner une perception visuelle de la présence divine sur terre.
Ce libérateur qu'est Moshé, va devenir aussi un éducateur car il va éduquer le peuple d'Israël a percevoir Dieu non plus dans le transcendant mais aussi et surtout dans l'immanent.
Rav Mordehai Chriqui (5777)
Retranscription Rav Michael Smadja, Publie par la Source des sagesses
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