mercredi 10 janvier 2018

Paracha - Chemot - le sens métaphysique


Paracha Chémot - Le sens métaphysique de l'exil.

Dans cet exil se révèle le nom de Dieu de l'existence première et de l'existence future.
Pour quelle raison y a t-il eu un exil? Lorsque Avraham expérimente sa relation avec Dieu où il doit traverser l'alliance d'entre les morceaux, Dieu lui montre dans cette prophétie tous les exils de sa progéniture et lui demande alors comment après toutes ces souffrances, Israël pourra hériter de cette terre? Cette question a provoqué l'exil de l’Égypte. « saches que ta progéniture sera exilée dans une terre qui n'est pas la sienne et souffrira 400 ans». Le Ramh'al explique ainsi cette réponse de Dieu: celui qui veut comprendre doit passer par un système duel, comprendre par son contraire. Pour comprendre la délivrance, il faut vivre l'exil, pour comprendre la lumière, il faut percevoir les ténèbres. C'est ce système de réflexion que doit alors expérimenter la descendance de Avraham en Égypte. Avraham a demandé comment sa descendance allait se libérer et Dieu lui répond par l'exil! La sensation de liberté ne peut se percevoir que par l'exil.
N'y a t-il pas une dimension de la délivrance sans l'exil sans passer par ce système duel où tout se perçoit par son contraire? Tous les exils d'Israël procèdent de l'exil d’Égypte.
Au delà du sens simple de l'exil, il y a un sens métaphysique que le Zohar nous explique et qui nous dépasse. La cause de l'exil en Égypte prend sa source dans la faute du premier homme. Son départ du jardin d'éden est déjà le premier exil. Lorsque le premier dévie de la voie droite de l'unité, Dieu lui demande « Hayé Ka?» «où es tu?» c'est-à-dire « où en es tu de ta relation avec moi?» « comment tu me vis maintenant?» ce «Hayé Ka?» devient «Hékha yachva badad» «comment la communauté d'Israël est devenue comme une veuve?» étant seule sans mari, sans Dieu. Rabbi Shimon explique plus profondément ces mots «Hayé ka». Il explique «Hayé Ko» ''Ko'' représentant la Chékhina, la présence divine qui est la réalité de la création. Dieu lui demande ''où est cette réalité? Où se trouve la présence divine?'' car en vérité ce n'est pas l'exil du premier homme mais l'exil de la présence divine. Cette Chékhina n'est plus ressentie par les hommes. On est confronté alors à la matière, aux lois de la nature sans aucun lien avec le divin. Où est l'âme de la création, où est la présence divine, le rayon de l'infini qui anime la création. Où va alors cette même création si elle est détachée de son principe divin? Où est le sens de tous les événements et de toutes les créatures? Où est le sens de la réalité qui est le but de la création. L'exil est alors dans l'homme lui-même car il a perdu sa relation primordiale avec Dieu. Il ne se libérera des vicissitudes du temps uniquement grâce à cette relation avec l'infini.
 Mais à partir du moment où il rentre dans le monde de la dualité, des envies et de la perception des sens, il perd sa relation. Et les enfants d'Israël en descendant en Égypte, vont réparer sa faute. La descente en Égypte étant la réparation même de la faute originelle. C'est la réparation de la connaissance, la réparation de l'arbre de la connaissance. En nous écrasant littéralement en Égypte, il nous a été retiré la liberté de penser, la liberté non seulement du corps mais aussi de l'esprit. C'est le conseil du mauvais penchant: enlever à l'homme la possibilité de réfléchir à ses actions, au moment d'agir. Il ne nous laisse pas le temps de la réflexion. Il faut passer par cet état de chaos pour exprimer tout le mal afin de se purifier et pouvoir à la fin sortir de cette façon de réfléchir avec le don de la Torah, comme si le cerveau de l'humanité est réinitialisé. Le Ramh'al explique qu'au mont Sinaï, les enfants d'Israël ont reçu les grands cerveaux, ce nouveau programme de la vie. La Torah va être alors la nouvelle pensée. 
En vérité, l'exil est la séparation du transcendant d'avec l'immanent. En perdant cette relation avec Dieu, l'homme perd son identité. Cette identité en fait est cette relation avec la présence divine. C'est elle qui lui donne sa réalité vraie. Le temp véritable judaïsme ne se révèle que par notre relation avec la présence divine. L'exil n'est pas un détachement avec Dieu mais un détachement de sa relation avec Dieu, l'esprit humain quittant sa relation avec l'esprit divin.
 En vérité, l’Égypte n'est pas l'exil mais la réparation de l'exil, la réparation de la pensée humaine. Cette pensée humaine est liée à la perception des sens et à la faculté imaginaire de l'homme. Et donc, en réalité, nous ne pouvons comprendre la création et même les événements qui nous touchent au plus près comme les sentiments. Nous ne sommes pas alors dans l'objectivité mais dans la relativité. Nous sommes dans la perception des lois de Élokim, il nous manque alors cette dimension du Tétragramme. Élokim est lui-même la réalité de l'exil. C'est Dieu qui s'exile dans la création mais il y a une configuration de Dieu qui n'est jamais en exil. Pour le Ari Zal, l'exil est une gestation, une réinitialisation de l'être humain.
Le Ramh'al compare les quatre exils aux quatre lettres du tétragramme qui étaient enfermés déjà dans l'exil d’Égypte. La reconstruction du nom divin dans la création va passer par ces quatre exil des quatre royaumes. Chacune de ces quatre nations va exprimé un aspect du tétragramme. Il y a donc une réparation qui se fait à chaque exil. De l'exil de Bavel, est né le Talmud et de l'exil de Rome, est sortie la Kabbale d'Espagne. Par ces exils et toutes leurs souffrances qui en découlent, se reconstruit la pensée divine.
Dans la voie de l'arbre de l'éternité, le peuple d'Israël doit passer par l'exil non pas pour être puni de ces fautes mais pour amener la lumière là où elle ne se trouve pas, là où elle n'a pas encore pénétré. C'est ce rayon de l'infini qui pénètre le Kéli, le vase, la matière dénuée de lumière infinie. Le peuple d'Israël est ce rayon de l'infini qui purifie le vase en le réinvestissant. Le vase se reconstituant de nouveau par l'investiture de la lumière infinie en lui. L'exil est la réparation de la réflexion de la l'homme et de sa relation avec Dieu.

 Rav Mordehai Chriqui (5778)
Retranscription Rav Michael Smadja, Publie par la Source des sagessesVous pouvez partager ce texte à condition d'en respecter l'intégralité et de citer la source: http://la-source-des-sagesses.blogspot.fr/


0 commentaires:

Enregistrer un commentaire