vendredi 12 janvier 2018

Parachat - Vaera - Connaître Dieu


Paracha - Vaéra - "Connaître Dieu''

«je vous prendrais pour peuple, je deviendrais votre Dieu et vous saurez que je suis l'éternel votre Dieu...» ce verset englobe toute la notion de la libération. Le but ultime de la délivrance est la connaissance de Dieu mais pour cela, Dieu doit nous ''prendre'' en tant que peuple comme un homme prend une femme pour épouse. ''connaître'' fait référence à l'union et non à la connaissance comme le verset dit « et l'homme connût sa femme». Le Zohar enseigne que ce commandement de connaître Dieu est le premier des commandements car dans le premier verset de la Torah, il est écrit «Béréchit...» le commencement de la création c'est-à-dire la sagesse divine est la crainte révérencielle de Dieu et cette crainte ne peut se révéler que par la connaissance de Dieu. Craindre Dieu c'est craindre la présence divine, sa gloire. Le fait de s'empêcher de fauter est alors déclenché uniquement par la peur d'abîmer la présence divine, la Chékhina et non par la peur de la punition.
Que signifie connaître Dieu? La libération de l’Égypte est justement d'arriver à cette connaissance de Dieu. Tout ce que l'on peut dire de Dieu n'est que de l'ordre des attributs, sa bonté, sa compassion...sa rigueur et non de son essence. Le Tétragramme signifie ''celui qui existe'', il définit l'existence, l'être. Mais même cette existence, cet être, que signifie t-il? C'est celui qui donne l'existence aux autres mais en aucun cas, cela définit son essence. Même lorsque nous parlons de l'être premier, nous ne connaissons pas sa nature. Par contre nous pouvons parler de Dieu en tant qu'existence, c'est ce que révèle et définit le Tétragramme: il est dans le temps, il est le même dans le passé, dans le présent et dans le futur. Alors que le nom divin ''Élokim'' signifie beaucoup de choses: il est le maître de toutes les forces. Ces forces procédant de son émanation. Mêmes les lois de la nature procèdent de ces forces que l'on appelle les ''Séphirot''. Il y a donc l'infini que l'on appelle l'éternel et les Séphirot qui sont des mesures. Il peut y avoir une force qui s'appelle la ''rigueur'', la ''bonté'' ou le ''triomphe''.... Il y a derrière toutes ces forces une volonté infinie qui est attachée à Dieu. À quoi se résume la relation avec le divin? Le Ramh'al explique que cette relation est là pour permettre aux créatures d'exister. Cette relation avec Dieu est en même temps individuelle et universelle. Dieu nous fait sortir d’Égypte afin de le connaître. L'éternel n'a pas de lien direct avec ses créatures, ce n'est que par ses émanations (ses Séphirot) et surtout par sa présence qui est appelée la Malkhout et qui est la dernière des Séphirot qu'il a une relation avec ses créatures. Et cette relation par la Malkhout se fait par le Tétragramme, l'union avec ces quatre lettres, l'union de l'assemblée d'Israël avec Dieu. La prière en quelque sorte n'est pas une demande chez les Kabbalistes mais surtout une union, une relation. Le sens de la prière est d'affermir sa relation avec Dieu. C'est aussi le sens authentique de la Torah et des unifications dans la méditation. Ce n'est uniquement l'affermissement de notre relation avec Dieu. Que veut dire alors ''le connaître''. Il y a une connaissance de Dieu d'un ordre général qui est de savoir qu'il y a un maître suprême et qu'il est le créateur de tous les mondes, de toutes les créatures. Que signifie que Dieu est le maître du monde? Ce n'est pas uniquement sur le fait d'avoir créer le monde car nous voyons toutes sortes d'incompréhensions qui nous interpellent sur l'existence même de Dieu et du but de la création! Il a créé des lois qui permettent l'existence et la subsistance des créatures. Mais il nous manque cette idée essentielle de Dieu qui est de l'ordre du particulier. Connaître Dieu dans toutes nos actions, dans toutes nos paroles, dans toutes nos pensées, dans toutes nos sensations. Voir le divin dans notre vie de tous les jours, c'est cela la connaissance particulière de Dieu.
Le Zohar va encore plus loin et explique que cette connaissance de Dieu d'une manière générale et particulière, est le mystère du Dieu au commencement et du Dieu à la fin des temps. Il y a un Dieu du début c'est-à-dire le Dieu d'avant la création. Cette création étant une extériorisation de sa parole. Par sa parole, Dieu crée. À partir de ce moment, la création le perçoit en tant que créateur mais aussi en tant que maître de l'histoire, le règne de Dieu dans l'histoire. Cette connaissance de Dieu à travers l'histoire individuelle est cette connaissance de Dieu au niveau de la fin. Mais en vérité, ce n'est qu'à la fin de l'histoire que nous allons avoir une connaissance parfaite de l'éternel. C'est à travers tous les événements de toutes les créatures de tous les temps que nous aurons une idée de Dieu. L'idée parfaite de Dieu est uniquement à travers toutes les actions de toutes les créatures de tous les temps. Cet ensemble qui a un but va faire cette révélation. C'est le Dieu dans la dynamique de l'histoire. Le Dieu créateur est en fait une restriction, un Tsimtsoum, un retrait de l'infini. Lorsque l'on parle d'un créateur, on parle d'un pouvoir de création, d'une force créatrice, des forces créatrices. La création elle-même occulte Dieu qui fait cette harmonie unificatrice de toutes les lois. Et à la fin, nous pourrons saisir cette force unificatrice, cette origine. C'est ce Dieu que les hébreux vont connaître à la sortie d’Égypte. L’Égypte fait partie de la création et sortir de cet endroit est toucher à l'éternité. Du verset «je vous prendrais...et vous me connaîtrez» nous comprenons que pour connaître Dieu dans l'histoire, il faut obligatoirement sortir d’Égypte. Il faut sortir donc des limites de la nature, des lois de la nature. De la même manière que Dieu a créé le monde avec dix paroles, il l'a détruit par les dix plaies. Par les plaies, Dieu va montrer que ces lois de la nature ne sont pas la cause primordiale mais qu'il y a derrière toutes ces dix forces primordiales que sont les Séphirot, une volonté unique et antécédente. Cet être primordiale a pourtant une relation avec ses créatures par la création. Le Dieu d'Avraham est le Dieu de la création. Le Dieu de la sortie d’Égypte n'est plus le Dieu de Avraham ou plutôt n'est plus la même configuration car à la sortie d’Égypte, il y a une intervention dans l'histoire. Le Dieu de la fin s'exprime à travers les événements. En Égypte, il y a la configuration de tous les événements qui vont se révéler au cours de toute la durée de la création, comme si toute l'histoire était en gestation dans cette matrice qu'est l'Égypte. Alors Israël est capable de vivre l'éternité de Dieu qui existe avant la création.
Les lois de la nature ne sont perçues que par l'expérience mais personne ne peut démontrer d'où procèdent ces lois. Pour que Dieu se révèle, il va alors retirer la force de toutes ces lois. Mais il y a une autre possibilité de percevoir cette volonté divine derrière ces lois, c'est lorsque l'homme lui-même retire l'attraction, la force magnétique de ces lois qui agissent sur lui. Ressentir que ce n'est pas l'oxygène qui le fait vivre, que ce n'est pas son travail qui lui fournit sa subsistance, que ce n'est pas le médicament qui le guérit...il vit alors dans la vie divine.
En sortant ce peuple d’Égypte, Dieu s'est fait connaître à eux pour qu'ils deviennent eux-mêmes les témoins de la direction divine dans le monde afin que les nations le reconnaissent.
L’Égypte est cet espace primordiale et la sortie est la sortie de cet espace primordial pour aller dans une autre configuration de ces forces primordiales, dans cette configuration du Tétragramme que la Kabbale appelle ''Adam Kadmon'', la structure de l'homme primordial qui va donner le plan de toute la création. C'est une réorganisation des dix Séphirot qui vont donner 613 lumières, les 613 commandements de la Torah en parallèle aux 613 membres du corps.
Dans la connaissance de Dieu, il y a lieu de voir la nature en tant que miracle mais aussi que la nature n'est pas Dieu. Et même si Dieu a créé cette nature et ses lois, en aucun cas, elle et ses lois sont autonomes et même si elles sont apparemment immuables. Il faut croire dans ce deuxième niveau de connaissance qu'est la connaissance dans le détail, que tous les existants, que tous les événements sont animés par ce rayon de l'infini dans tous les degrés de la temporalité de l'espace-temps. C'est voir Dieu partout et à tout moment dans tous les détails de la création de l'infiniment petit à l'infiniment grand. Cette connaissance de Dieu dans tous les instants et dans les événements de la vie ne peut s’acquérir que par la crainte divine car celle-ci est la véritable sagesse. La crainte n'est pas la peur mais la considération de la souveraineté du pouvoir de Dieu dans tous les existants qui les fait exister mais aussi qui amène le tout vers la finalité qu'est la révélation de son unité divine. Dieu va donner la Torah au peuple d'Israël afin justement d'acquérir sa connaissance pour la transmettre aux nations. Transmettre la connaissance que Dieu n'est pas que cette connaissance de l'être créateur mais aussi la connaissance de la volonté unique. Notre volonté n'est qu'empruntée, elle n'est qu'une émanation de sa volonté. Nous agissons extérieurement de manière autonome mais en vérité, derrière cette volonté individuelle, il y a une volonté qui englobe toutes les volontés de toute la création et qui est la véritable volonté. Le souffle que Dieu a donné à l'homme est cette part de volonté qu'il a insufflé en nous. Il y a plusieurs degrés dans la volonté: il y a ceux qui connaissent sa volonté au niveau du minéral, d'autres au niveau du végétal, au niveau de l'animal et au niveau de l'homme. C'est-à-dire l'homme du monde de l'action, de la formation, de la création et de l'émanation. Il y a plusieurs niveaux de conscience chez l'homme jusqu'à la conscience divine qui nous permet de connaître justement ce Dieu éternel. Dieu a donc formé un peuple uniquement pour le connaître pour après le faire connaître. Le but final de la sortie l’Égypte est d'arriver à la cinquantième porte de la connaissance où il est perçu « vous saurez que je suis Hachem». Ce Hachem n'est pas le niveau de révélation qu'a atteint Avraham car c'est le niveau de l'omniscient où il n'y plus de place au questionnement comme Moshé argumente devant Dieu «pourquoi fais tu du mal à ce peuple?». Ces niveaux d'avant la complétude du bien et du mal sont des connaissances de Dieu aussi mais dans l'exil, dans l'arbre de la connaissance. Mais lorsque nous comprendrons que le mal n'est pas l'opposé du bien mais son complément alors nous atteindrons cette cinquantième porte qui a été révélée au moment de la sortie l’Égypte et du don de la Torah. Tant que nous ne comprenons pas cette relation entre la lumière et les ténèbres, entre le corps et l'anticorps, entre le haut et le bas...alors nous naviguons dans la globalité de la volonté divine, dans ce Dieu créateur où tous les événements sont pour nous des épreuves qui amènent au questionnement et au doute. Mais lorsque nous comprenons Dieu dans la particularité des événements et des créatures, alors nous pouvons atteindre la fin des temps qui est l'unité parfaite de toutes les forces.

Rav Mordékhaï Chriqui (5778)Retranscription Rav Michael SmadjaPublie par la Source des sagesses
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