mercredi 15 novembre 2017

Paracha-Haye Sarah- La sublimation du corps et la réparation du keli

Paracha ''H'ayé Sarah''  Le corps sublimé et la réparation des vases

Sarah est le fondement de la création, de Ytsh'ak.
« et Sarah est morte à Kyriat arba (la caverne des quatre couples) et Avraham est venu pour faire son oraison funèbre». Le Zohar explique ce verset ainsi: ''toute mort est issue de la morsure du serpent ontologique, à l'exception de Sarah qui est morte par Dieu lui-même comme il est dit « et Sarah est morte à Kyriat Arba» que le Zohar interprète par « à la lecture du nom de quatre lettres ''YHVH''». De même Moshé, Aaron et Myriam sont morts par le baiser divin, par la parole divine. Par ce nom, l'âme se sépare du corps pour retrouver sa source divine. L'intermédiaire qui va exécuter l'ordre divin n'est pas le serpent ou une autre force mais directement les quatre lettres de son nom divin. Le corps de Sarah est pris directement en charge par Dieu. Le Zohar enseigne que tout le temps que le corps se trouve dans ce monde, il manque de perfection. Il ne peut atteindre la perfection. Mais dans le cas où le corps va dans le chemin du juste, dans les chemins de la rectitude et meurt dans cette même droiture, ce corps s'appelle ''Sarah dans sa perfection''. Tout corps atteignant la perfection dans ce monde, s'appelle ainsi. Le corps en général, n'est pas perçu de cette manière par les sages de l'exotérisme, il n'est pas concevable qu'il puisse atteindre la perfection. À son maximum, le corps est au service de l'âme par la réalisation des Mitsvot. Mais ce n'est pas seulement l'habit de l'âme et ce n'est pas non plus quelque chose qui cherche à profiter de ce monde, il n'est pas composé uniquement d'une âme animale. Le corps a en fait une autre raison d'être, le passage vers l'extériorité. Le Zohar donne une autre dimension du corps. Le corps et l'âme ont chacun un fondement différent. Le corps étant composé des quatre éléments de la matière alors que l'âme est de l'ordre du divin. Le corps de Sarah a lui été approché par Dieu.
Dans Adir Bamarom, le Ramh'al explique la mort de Sarah ainsi: « il est écrit dans Isaïe ''et tes maîtres ne seront plus occultés'' cela veut dire que tes maîtres ne seront plus cachés. Avraham en arrivant devant le corps de Sarah, rencontre son maître. Jusqu'à présent, le maître était occulté. Nos sages expliquent que Sarah avait atteint un niveau prophétique plus grand que Avraham, un niveau où l'intellect-agent est connecté au divin car le corps de Sarah n'était pas affecté par la perception des sens. (En général, l'homme est trompé par ses sens qui vont apporter des messages erronés au corps car celui-ci est corrompu par le désir de prendre. Il ne faut pas avoir confiance dans la perception du corps, dans sa propre intelligence aussi).
Elle était donc en permanence en contact avec Dieu au contraire de Avraham. C'est ce que signifie le verset: « et Dieu a délivré Sarah». Avant que Sarah conçoit un enfant, elle n'avait pas dans son corps de matrice et donc de possibilité de procréer. En vérité, ce n'est pas que Sarah ne peut pas enfanter mais c'est qu'elle ne veut pas enfanter. Pour donner naissance, la femme a besoin d'un espace vacant. Dans la Kabbale, cela s'appelle l'espace primordial, le H'allal. Avant la création du monde, il y a tout d'abord la création d'un espace primordial qui passe par une dissimulation de la lumière infinie, de la volonté infinie, par une restriction de celle-ci. Le mystère du Tsimtsoum, de la restriction est de faire un espace spirituel comme un homme qui pense à se marier, qui commence à penser à son avenir. Il fait une place au mariage dans son espace psychique. Cet espace primordial est donc un espace méta-physique dans la volonté de Dieu qui est limité par des lois. Il faut savoir que toute femme qui donne la vie, expérimente ce H'allal qui est lui-même relié à la rigueur, à la limite. Mais il est aussi relié à la trace de la vie, au Réchimou. Car Dieu laisse une trace de son infinie à toute la création, à toute vie, à toutes les créatures. La femme donc en tant que microcosme de cet espace primordial, a cette possibilité de procréer. Cet espace se révèle lorsque la personne se retire d'elle-même pour laisser place à la création. Lorsque l'enfant naît, il devient un être séparé et complètement indépendant de la mère qui l'a enfanté d'un point de vue métaphysique.
Sarah ne veut pas de cet espace primordial car elle est remplie entièrement de la lumière infinie divine. Son corps est complètement lié à son âme « Dieu a ordonné Sarah». Il est rempli de son âme. Sarah a atteint la perfection, cette perfection n'est pas liée à l'âme mais au corps. Les Mitsvot elles-mêmes qui nous ont été données ne sont pas en rapport avec l'âme humaine, elles ne sont là que pour arranger et préparer le corps à recevoir l'âme afin qu'elle se révèle comme il se doit. Car l'âme est enfermée par l'esprit humain. L'homme possède trois niveaux d'âme: l'âme animale, l'âme cognitive et l'âme divine. Le souffle, l'âme cognitive qui est l'intelligence rationnelle occulte l'âme divine, occulte la sagesse et la partie la plus intérieure de l'homme qui est la partie divine qui est en l'homme. Sarah est animée par quelque chose qui la dépasse, le souffle saint, le supra-mental, l'intelligence divine qui procède de la présence divine elle-même. Sarah pour atteindre ce niveau de perception, a épuré son corps de tout scorie. Le Ramh'al explique dans Adir Bamarom que le corps lui-même procède de l'arbre de la connaissance. Le corps sans l'âme, parle, il n'est pas seulement l'expression de l'intériorité. Le corps lui-même par sa forme, par sa structure, par la relation qu'il y a entre les différents organes, par l'enchevêtrement de tous ces éléments qui font ce corps, est d'une intelligence exceptionnelle. Cette intelligence n'a rien à voir avec l'âme divine car il correspond à la dissimulation de la présence divine. Il est la trace de cet infini qui reste après sa dissimulation. C'est cet ensemble de l'espace vacant, de cette trace qui est à l'origine du corps. Le corps procède donc de la dissimulation, du Tsimtsoum. Puisque le corps apparaît de ce retrait de l'infini, c'est pour cela qu'il a une fin. De cet insignifiant qui résulte de ce retrait, Dieu a créé un corps exceptionnel. La forme de ce corps correspond au chariot céleste mais qui n'est pas divine. Le corps lui-même peut vivre toute sa vie sans Dieu au niveau conscient. Au niveau de l'inconscient, il ne peut vivre sans cette origine des origines. Le corps a cette faculté d'occulter la présence divine. Il va alors se créer ses propres lois, sa propre morale qu'il va utiliser lorsqu'il en sentira le besoin. Il n'y a rien d'éternel et de fixe dans le corps. Et pourtant le corps est appelé à devenir parfait, à revenir au niveau de l'âme et de faire un avec elle. C'est ce qui est arrivé au moment de la Akéda où Dieu ne demande pas d'égorger Ytsh'ak, de soumettre le corps mais de ligoter Ysth'ak, d'unir le corps à l'âme. C'est le niveau du monde des Akoudim, des ligatures où toutes les Séphirot s'entrelacent, où elles ne font qu'une seule réalité. Il n'y a pas encore à ce niveau une dispersion des forces. Mais même si le corps correspond à un assemblage de forces bien réglées, il y a quand même des différences et des changements au niveau du tempérament de l'homme. Ces changements d'humeur ne dépendent pas seulement du Psyché, de l'esprit. Cela procède aussi du statut du corps, de la préparation du corps. Le Ari Zal explique que par la construction ontologique du corps qui est appelé ''Homme Primordial'', Dieu veut révéler une gradation pour arriver à créer l'homme d'en-bas, de ce monde et aussi toutes les créatures. D'où provient la source ontologique même du corps? Elle se trouve dans la lumière des yeux de Adam Kadmon, de cette construction spirituelle qu'est l'homme primordial. Cette vision de Dieu qui révèle l'homme composite d'un corps et d'une âme. Ce corps procède de la poussière, constitué de toutes les particules qui composent la matière. Il peut alors être attiré par la matière elle-même qui se matérialise par l'envie des yeux. L'homme est alors séduit par ses sens. À un moment donné, le vase qu'est le corps s'est séparé de la lumière, c'est la brisure des vases. Ce vase ayant été créé pour recevoir mais il est aussi utilisé comme un outil. Mais ce n'est pas l'âme qui utilise le corps mais au contraire c'est le corps qui domine et commande l'âme. Le corps possède sa propre intelligence qui procède de sa structure, de sa forme ontologie divine car ce vase contient la lumière divine. Mais au départ, il refuse cette lumière divine, il préfère dominer de lui-même. Les rois primordiaux qui composent ce corps et qui sont les principes de la création, sont orgueilleux et empêchent la lumière divine de les pénétrer. Ils ne veulent pas recevoir la cause des causes, ils veulent être animés par eux-mêmes. Il y a alors une brisure. Ce règne fait rentrer l'homme dans la voie de la dualité de la vie et de la mort « il régna et il mourut». Le corps meurt car il veut régner. Mais Lorsque l'esprit du corps est ligoté avec l'âme, alors la véritable réalité du corps se révèle. Avraham représente ce Kav (il trouve insignifiant le corps) et Ytsh'ak le Kéli, le Réchimou épuré des scories car il procède de Sarah. Sarah elle, ne ressentait pas la nécessité d'engendrer car le corps est lié au mal car déconnecté du divin. Le corps veut avoir son autonomie et pour cela, il révèle son propre esprit. Il ne peut être alors que de l'ordre du serpent ontologique, esprit tortueux comme le serpent. Cet esprit commence avec l'envie. L'ontologie du corps se trouve donc dans ces principes premiers, appelés ''rois primordiaux'' qui sont de l'ordre des sept forces, Séphirot inférieures. Ces principes qui construisent le corps ontologique ont il est vrai, une batterie personnelle mais celle-ci s'épuise pour ramener le corps à la dégradation.
Avraham en venant chez Sarah, voit une femme morte qui lui parle. Elle vit tout en étant morte. Il comprend alors que le corps peut se sublimer et atteindre la perfection. Mais tant que le corps se trouve dans ce monde, il ne peut atteindre la perfection. Ce n'est que lorsque le corps atteint sa complétude qu'il est appelé ''Sarah''.
La perfection du corps se réalise par la parole car celle-ci est la réalisation de la perfection intérieure. La parole sert à exprimer l'intériorité de ces forces divines. Il est vrai que le corps est le véhicule de l'âme mais il devient grâce à la parole et à l'épuration du corps, l'expression même du divin. Le corps avant cette épuration n'est pas intéressé par l'âme, il n'est intéressé à être animé que par lui-même.
Toute l'origine de la création vient de cet aspect appelé le féminin, la ''Noukva'', du nom divin féminin qui correspond au nom BAN dont la valeur numérique est de 52. il faut que cette origine monte au niveau de SAG dont la valeur numérique est de 63 qui est la réparation même de la brisure des Kélim, des vases. Il y a donc une évolution de la Noukva, de ce principe féminin, de ce corps, de ce réceptacle. Tant que ce vase vit la séparation d'avec la lumière, il ne vit donc que l'envie et la détérioration. Par contre s'il répare la brisure, par l'union avec l'âme, il va se sublimer et vivre la vie éternelle inscrite dans son intériorité la plus profonde. Sarah a vécu cette réparation, elle a réparé son corps, cette brisure. Il est vrai que cette brisure continue à être réparer par l'ensemble de l'humanité mais Sarah a été la première qui a accompli cette réparation de la brisure. C'est la brisure entre l'âme divine et le corps qui a créé la mort. Si l'âme divine habitait le corps définitivement, sans le Rouah', car c'est cette âme cognitive qui se détériore et qui fait écran entre l'âme divine et le corps. Ce sont deux principes, le principe primordial et le principe second du réceptacle. Ce principe second peut effectivement se relier aux autres réceptacles afin d'en devenir le maître. Mais à un moment donné, ses forces vont l'abandonner car il lui manque le principe de l'éternité. Il lui manque le principe de l'infini qui est lié à l'âme. Mais cette âme en étant enveloppée par le Rouah', ne peut faire qu'envoyer des signaux au corps. L'âme ou plutôt le rayon a alors une influence réduite. C'est cela le tsimtsoum, c'est la réduction de la lumière divine qui révèle un espace vacant, le corps, afin que cette même lumière le pénètre. On peut atteindre la perfection du corps en laissant ouvert l'esprit rationnel qui enferme l'esprit divin. En ouvrant l'esprit, le corps laisse le règne à l'âme divine. Alors le corps se purifie et poursuit une évolution jusqu'à devenir un avec l'âme. C'est ce qui est représenté par la ligature de Ytsh'ak par Avraham. C'est la ligature du corps et de l'âme, le corps voit alors la vérité qui est en lui.
Il y a deux sortes de vie: il y a la vie issue de la perception des sens qui est liée à la mort comme un sage du Talmud a répondu à un idolâtre à la question « que faut il faire pour vivre? Il faut mourir». Cette vie est issue de la dégradation du corps. Et il y a une vie issue de l'union avec Dieu comme il est dit « et Dieu a ordonné Sarah». Le corps vit sa vie alors en symbiose avec l'âme. C'est Sarah, la première qui va expérimenter cette vie éternelle de l'union du corps avec l'âme. Il n'y a pas alors d'espace en dehors de Dieu, la présence divine rempli Sarah. Ce n'est que lorsque l'homme s'identifie à l'esprit du corps, qu'il empêche l'âme de dominer le corps. C'est en arrêtant de donner une réalité autonome à cet esprit que l'âme va pouvoir habiter et diriger ce corps. Le corps n'étant que le produit d'une dissimulation, est comme une empreinte, une trace de quelque chose qui s'est retirée, une trace que la lumière a laissée en retirant son aspect infini. Si H'ava et le premier homme ont réalisé la brisure, exprimé la brisure primordiale en renforçant l'autonomie de cette trace, Sarah a réparé cette brisure en faisant revenir la lumière infinie dans cette trace. Il n'y a plus alors de dichotomie, de dualité, le corps étant alors vraiment le reflet de l'âme. Mais il peut aussi être le reflet de l'imagination, d'une illusion. Car la faculté imaginative fait partie de l'esprit de l'homme. L'intelligence du corps peut être sublimée comme elle peut être altérée. Cette intelligence est au départ un rayon de lumière qui devient après la faute une véritable peau confectionnée par le serpent et qui est alors une cloison qui empêche la lumière divine de s'exprimer dans le corps.
Rav Mordékhaï Chriqui (5778)
Retranscription Rav Michael Smadja
Publie par la Source des sagesses


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