mercredi 14 mars 2018

Fete -Pessah-Le mystère de la traversée de la mer rouge

Pessah, Le mystère de la traversée de la mer rouge

Il est écrit:'' et Israël a vu la grande main de D-ieu''. Nos maîtres posent la question: '' que signifie «la grande main de D-ieu»? 
Selon Rabbi Méir, au moment de la traversée de la mer, les Hébreux ont vu l'acte de la création, ils ont saisi le récit de la genèse, la création ex-nihilo, comment D-ieu a créé toute l'existence à partir du néant.
 Selon d'autres avis, ils ont perçu le récit du chariot divin (Merkavah). En tout cas, le peuple juif d'après nos maîtres a compris le mystère de l'action divine dans ce monde par la traversée de la mer, soit par le récit de la genèse soit par le récit du chariot divin.

Que signifie ''le récit du chariot divin''?
 C'est le plan divin de l'histoire de tous les existants, de leurs déplacements d'un moment à un autre. De la même manière qu'il y a un déplacement dans l'espace, il y a aussi un déplacement dans le temps pour amener les existants, les créatures d'un moment à un autre moment, d'une période telle que la Shoa à la période de la création de la nation d'Israël par exemple qui fait partie d'un plan dans le temps. Le chariot divin n'étant ni plus ni moins le plan de l'histoire. Les prophètes sont appelés pour cela ''ceux qui descendent dans les tréfonds du chariot'' car ainsi, ils peuvent comprendre les événements qui vont se passer. Ils peuvent percevoir la destruction du premier et du deuxième temple et même la reconstruction du troisième temple mais pas la cause, le sens de cette histoire. Ainsi il est écrit:'' ce que la servante non-juive a vu au moment de l'ouverture de la mer même le grand prophète Ézéquiel n'a pas atteint lors de son expérience au moment où il a contemplé le chariot divin''.
Que peut-on percevoir de plus que le mystère de la création et le mystère de l'histoire, que le mystère de la direction divine? Nous ne pouvons percevoir que deux actions de D-ieu!

Nous voyons qu'au moment de la révélation divine au peuple juif, D-ieu ne se présente pas en tant que D-ieu créateur mais en tant que D-ieu de l'histoire ''je suis le D-ieu qui t'a fait sortir d’Égypte''.
 À priori, il est plus extraordinaire de se révéler en tant que D-ieu créateur car à ce moment, il crée de rien et saisir D-ieu en tant que créateur est une perception universelle de la réalité! 
En vérité, ce niveau de D-ieu de la création est un niveau ou D-ieu se cache car la racine du mot ''monde'' ''עולם'' est ''dissimulation'', ''עלם''. Car ce monde a des lois et celui qui contemple le monde, rencontre des lois qui elles-mêmes cachent la cause première. Ces lois créent une dimension qui s'appelle la ''multiplicité'' qui fait intervenir les forces multiples de la divinité. Le nom Élokim qui est un nom ''pluriel'' ne représente pas D-ieu mais les forces de la divinité. La valeur numérique de Élokim (86) ''אלהים'' est la même que ''Nature'' ''הטבע''. Nous pouvons alors confondre Élokim avec la Nature et dire que le monde est ancien et que l'essence de l'univers est D-ieu qui exprime un aspect de lui-même qui s'appelle donc la Nature. 
Il y aurait donc une confusion entre la Nature et D-ieu. En fait, l'univers procède de la parole de D-ieu, du verbe mais en aucun cas de l'essence divine. On ne connaît pas D-ieu, on ne peut percevoir la nature de D-ieu. On ne peut atteindre que sa volonté mais pas toute la volonté divine. Car il y a une volonté sans fin, une volonté sans but. Seule la volonté qui a une fin, un but, peut être perçue. Il y a en fait une infinité d'aspects de la divinité mais seule cet aspect fini qu'est la création peut être perçue. Cette volonté de la création s'exprime à travers deux actes, la création elle-même et l'histoire de l'univers, l'histoire de toute l'humanité.

Il y a un acte extraordinaire dans cette histoire qui s'appelle ''la traversée de la mer''. Qu'est-ce que D-ieu leur a montrés dans cette traversée? 
Au-delà des miracles de la traversée elle-même, il y a une expérience prophétique que chacun de nous a vécue lors de cette traversée. Il ne s'agit pas seulement de voir l'avenir de tout ce qui va se passer car cela, tous les grands prophètes peuvent y avoir accès. Ce qui échappe à tous les prophètes est le sens, la cause des événements. Au delà des causes liées à la récompense et à la punition, il y a une autre dimension dans la direction divine. Cette direction de la récompense et de la punition est une direction liée à la dualité, à l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Mais en fait ce n'est qu'un moyen pour appliquer sa volonté car le premier homme a refusé de recevoir directement de D-ieu. Il a préféré recevoir selon ses actes et donc il se meut dans cette conduite dite de la connaissance du bien et du mal, la voie de l'expérience mais qui n'est pas la véritable direction. Car en vérité, D-ieu a décidé depuis les prémices du temps les événements qui vont se dérouler et qui ne peuvent être affectés par les actions des hommes. Mais l'homme va obtenir ce qu'il doit obtenir avec cette impression d'expérimenter les choses, d'être une sorte de démarreur. 
Ce que le peuple juif a vécu lors de la traversée, nous allons le vivre lors de la résurrection des morts. D-ieu va exposer et déployer la robe de l'histoire. Nous allons comprendre comment tous les actes de tous les hommes de tous les temps, tout ce qui a été accompli à travers toutes les générations ont une relation entre eux. Et quelle est cette relation?
 C'est ce que nos maîtres enseignent:'' tout ce que D-ieu a créé, il ne l'a créé que pour sa gloire''. Le but commun de tous les êtres et de tous les actes est de révéler D-ieu dans sa création comme si toutes ces volontés multiples et séparées ne sont qu'une et unique volonté, révéler la gloire divine dans la création. À travers cette multi-dimension de tous les actes de tous les hommes de tous les temps, va se révéler l'Unique.
 L'histoire est comme une pièce de théâtre où il y a une intrigue où chaque acteur pense tirer les ficelles de la trame pour qu'à la fin, se rendre compte qu'il y a un metteur en scène. Toute la trame étant tissée pour arriver à l'expression d'une volonté qui est sous-jacent depuis le début de la pièce. Dans la vie, c'est pareil, il y a des gens qui font consciemment la volonté de D-ieu et d'autres font sa volonté inexorablement mais en ressentant qu'ils sont maîtres de leur destin, forgeant eux-mêmes leur destiné qui est déjà tracée depuis le début de la création. Et en vérité, tous sont à son service.
Le Ramh'al explique que l'ouverture de la mer des joncs se dit ''Yam Souf'' et peut s'interpréter ainsi ''Yam Sof'' la mer de la fin. D-ieu leur a déchirés le voile qui montre la fin des temps. Et ceci afin de fixer dans leur cœur définitivement la foi en un D-ieu unique qui n'est pas uniquement D-ieu de la création mais le D-ieu de l'unité où il n'y a rien d'autre que lui.

Il y a deux sortes de causes dans les événements de l'histoire. Une cause qui est liée à la récompense et la punition de même que la notion de justice qui est liée aux actes de l'homme, à la voie de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Mais cette une cause qui est de l'ordre de la dualité. Et il y a une autre cause bien plus profonde qui est de l'ordre de la voie de l'arbre de la vie éternelle, de l'unité divine et qui est la raison authentique. Et c'est cette raison qui a été dévoilée au peuple d'Israël au moment de l'ouverture de la mer que les prophètes à venir ne pourront percevoir. Ils ne peuvent percevoir que la cause rationnelle qui est liée à la récompense et à la punition.
La voie de la récompense et de la punition est reliée à l'esprit de chaque homme, cela n'est pas un système absolu où les règles sont les mêmes pour tout le monde. Chaque acte de chaque homme est mesuré selon l'histoire même de l'homme. Mais il faut savoir que D-ieu a partagé cette rétribution entre ce monde et l'autre monde. 
D'après le Ramh'al, dans ce monde, il n'y a que les actes qui ne sont conformes qu'à ce que l'on appelle la réparation universelle, le Tikoun Aklali qui vont être récompensés ou punis. Dans ce monde, D-ieu ne rétribue chaque acte uniquement si le résultat a une conséquence directe dans la réparation universelle. Cette réparation étant la révélation de l'unicité totale de D-ieu et c'est cela le bien parfait qui est réservé à chacune des créatures. Donc nous voyons que même la punition ici bas n'a pour but que le bien parfait. Comme dit le roi David: '' la proximité de D-ieu est le bien parfait''. Rencontrer la cause originelle, ''se rassasier de ta face'' qui est de se rassasier de la présence divine qui régit tout vers le but ultime. D-ieu n'a pas créé le monde pour faire la justice, pour punir et pour récompenser car même le plus pieux des hommes ne peut se justifier devant D-ieu. Il a créé le monde imparfait pour amener la création à se réparer, à la perfection. L'histoire des six mille ans est l'histoire de la réparation de la création. Lorsqu'un homme a vu le but de la création, il peut alors vivre les événements intermédiaires de manière parfaite mais si ce but lui échappe, il ressent les difficultés de ces événements et même s'il ressent du bonheur, le cours des événements lui échappe.
Lorsque nous parlons de l'unicité de D-ieu, il ne s'agit pas de l'unique dans l'existence, la seule existence qui peut donner existence aux existants. D'après le Ramh'al, il y a une autre dimension de l'unicité divine qui est plus importante que la première, c'est l'unicité dans l'histoire qui s'est dévoilée par la sortie d’Égypte, le D-ieu maître des événements. Il y a une volonté supérieure qui dirige toute la multiplicité des volontés et qui se cache derrière elles. Et ce n'est qu'à la fin des six mille ans que se révélera cette volonté unique qui commande toutes ces volontés de l'ordre du multiple. Il y a donc dans notre vie des événements qui nous sourient et des événements qui sont pour nous des obstacles mais chacun de ces événements est là pour nous faire grandir et nous amener à la révélation divine. Les événements où nous vivons le bonheur sont des événements qui sont perçus par les grands cerveaux, la Gadlout deMoh'in. C'est-à-dire la sagesse qui nous permet de saisir les événements. Parfois, il n'y a pas de sagesse, il n'y a juste que la complétude des manques. Lorsque quelqu'un a faim et n'a pas de quoi manger, lorsqu'il trouve de la nourriture, cela s'appelle pour lui le bonheur car à ce moment, il comble une lacune . C'est au moment où la lacune se révèle que le bonheur va apparaître en remplissant ce manque. C'est ce que le Ramh'al enseigne ''la lumière ne peut être saisie que par l'obscurité''. Il faut les ténèbres pour comprendre la lumière. Le bien ne venant que par le mal, le bonheur par le malheur. Mais cette manière de percevoir les événements est la voie de l'arbre de la connaissance où l'on comprend une chose par son contraire. On ne peut percevoir s'il n'y a pas la dualité. C'est la voie de l'expérience humaine mais ce n'est pas la voie de l'unité qui elle, est la voie de l'arbre de vie. 
C'est le premier arbre que D-ieu a proposé au premier homme. Il s'agit de la voie de la sagesse qui est d'accepter l'expérience de D-ieu, la présence de D-ieu ou bien je refuse cette présence donc la sagesse et je vis l'expérience de l'arbre de la connaissance où l'on tire la connaissance uniquement par l'expérience. La science est basée sur l'expérimentation que l'on appelle la voie ''empirique'' , la voie de la logique.
La voie de la sagesse est la voie de la foi mais l'homme a refusé cette voie. Le genre humain refuse d'accepter cette sagesse. Il va vouloir expérimenter la vérité. La vérité qu'il va atteindre est une vérité empirique. La vie en vérité n'est pas liée à la mort mais nous ne pouvons l'appréhender que par la mort. Nous ne pouvons percevoir l'éternité car nous nous transportons dans la dualité. 
Notre esprit est duel. Il y a une autre compréhension qui est la compréhension par la voie de D-ieu, par la voie de l'unique. Dans la traversée de la mer, le peuple hébreu a vécu cette voie de l'unité c'est-à-dire la perception de la présence divine par le raccourcissement du temps. 
La faute du premier homme a eu pour conséquence de prolonger le temps. S'il avait accepté D-ieu et avait soumis sa volonté, il n'y aurait plus eu d'histoire, on serait rentrer directement dans l'éternité. En fait la voie de l'arbre de vie ne laisse pas une place à l'homme car pour qu'il ai une place, il faut une dissimulation de D-ieu. Par cette dissimulation, sa volonté se matérialisera. Mais à la fin des six mille ans d'expérience, il va arriver à s'annuler à D-ieu. C'est ce que le Ramh'al dit:'' ce que le premier homme a refusé par le chemin de la foi, il va l'accepter par le chemin de l'expérience''.

Rav Mordékhaï Chriqui 5776
Retranscription Rav Michael Smadja

Publie par la Source des sagesses
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