mardi 20 mars 2018

Fete-Pessah-L'utilite de l'exil dans la matrice

Pessah, Le mystère profond et l'utilité de l'exil

« nous commençons le récit par la honte et nous la terminons par l'éloge»
toute la notion de la délivrance ne se révèle que par le moyen de l'obscurité de l'exil. La raison de l'exil selon le sens simple est pour expier nos fautes, c'est l'explication selon l'arbre de la connaissance, la voie de la dualité du bien et du mal. Mais il y a derrière cette raison engendrée par cette voie de la dualité, une raison qui provient du conseil profond qui est au delà d'un rapport de cause à effet individuelle. La véritable raison de l'exil étant le conseil profond qui engendrée par la Radla, par cette tête inconnue qui nous est impossible de percevoir par notre intellect humain. Et non seulement cet exil provient de ce profond conseil mais aussi tous les événements de la vie de toutes les créatures depuis leur création jusqu'à la venue du Messie.
Mais puisqu'il est impossible d'accéder à ce niveau par la raison, nous sommes obligés de passer par la gradation de la voie de l'arbre de la connaissance pour atteindre petit à petit à ce niveau qu'est l'arbre de vie éternelle. Et donc, il faut passer par l'obscurité afin de percevoir la lumière, il faut passer par l'exil pour connaître la liberté.

Dans la Torah, la raison est donnée au moment de l'alliance des ''Morceaux'' entre Dieu et Avraham. Au moment où Avraham demande « comment vais-je ''SAVOIR'' que ma descendance héritera cette terre?» au moment de la vision divine, Avraham a prophétisé toute l'obscurité des exils, toutes les royautés qui asserviront le peuple d'Israël. Pour cette raison, il s'est demandé comment sa descendance pourrait se sortir de l'impureté de tous ces exils!
Avraham était d'une intelligence extrême mais Dieu lui a ordonné de sortir de cette perception intellectuelle « sors de ta conduite astrologique». Pour le Zohar, les premières paroles de Dieu à Avraham « pars pour toi» est justement cette injonction de sortir de cette perception sensorielle qui engendre l'intellect humain, sortir de toutes ces connaissances afin de devenir ''simple'' dans sa perception, faire UN avec elle. Et ceci passe par l'annulation de sa compréhension individuelle. Sarah elle-même, ne pouvait pas d'un point de vue physique et même d'un point de vue de la Néchama, recevoir un enfant. Et sur cela, Dieu dit à Avraham de sortir de toutes ces causes logiques, de toute cette perception issue des sens car Dieu peut tout faire sans qu'aucune logique puisse expliquer sa propre création.
C'est donc cette interrogation de Avraham qui a déclenché l'exil en Égypte comme le verset le dit « saches que ta descendance sera en exil dans une terre étrangère, elle sera asservie pendant 400 ans».
Donc il y a un lien entre cette interrogation et l'esclavage qui va alors réparer cette interrogation!
La connaissance est issue de l'arbre de la connaissance et donc cette connaissance ne peut se faire que par une chose et son contraire, apparaît alors le mal afin de percevoir le bien, apparaissent les H'assadim (bontés) et les Guévourot (rigueurs). Avraham a demandé à être éclairé sur la libération pour cela, il faut comprendre l'exil.
Sans cette interrogation, l'homme peut arriver à la délivrance sans l'exil, sans la dureté de l'asservissement, sans l'utilisation du Daat, de la connaissance qui automatiquement sépare les H'assadim et les Guévourot, ce Daat qui crée le bien et le mal.

Rabbi Shimon bar Yoh'aï fait remonter la raison de l'exil au premier homme lorsque après la faute, Dieu lui demande « où es tu?» ''Hékha'', le même mot qui est dit dans les lamentations de Jérémie sur la destruction du temple « comment es tu?» ''haékha'' qui est donc la racine de l'exil. Jusqu'à la faute, Adam était en connexion directe et continuelle avec Dieu. Par la faute, cette connexion s'est perdue et c'est cela la cause de l'exil, c'est l'exil lui-même « où es tu?».
C'est l'annulation de cette perception de l'unité divine dans le monde. « comment Jérusalem peut elle restée seule», la perte de cette proximité divine est le seul exil qu'il puisse exister en réalité.
C'est le lien qu'avait le premier homme avec Dieu avant la faute primordiale qui a été perdu et qui est la cause de tous les exils.
 Les 130 années après la faute, Adam a engendré des âmes qui se sont mélangées à des démons et des mauvais esprits que la génération du déluge, la génération de la dispersion et de la génération de Sédom et Gomorrhe n'ont pur réparer jusqu'à ce qu'elles se réincarnent dans la génération de l'esclavage d’Égypte. Lorsque les bébés ont été jetés dans le fleuve, a été réparé ce que la génération du déluge aurait dû réparer, de même que la fabrication des briques est la réparation de ce que la génération de la dispersion aurait dû réparer et le travail dur des champs, la réparation que n'a pu faire la génération de Sédom et Gomorrhe.

Nous voyons donc que la faute, le manque, la détérioration est la cause de la non-complétude. S'il n'y a avait pas eu la faute, le manque et le défaut, la complétude se serait réalisée. Et donc la complétude doit revenir par ce même cheminement, par la voie de la perception du bien et du mal. Dans notre structure intellectuelle, nous ne comprenons une chose que par son contraire. Mais nous allons essayer de comprendre l'exil sans passer par cette notion qui s'appelle le ''mal''.
Il y a dans l'exil une notion qui dépasse l'entendement et qui est la préparation à la révélation divine qui prend racine dans cette interprétation du verset « et Israël envoya Yossef (vers ses frères) depuis la vallée de H'evron». Nos sages enseignent que Israël a envoyé Yossef vers ses frères à cause du profond (c'est le même mot que ''vallée'' en Hébreu) conseil de celui qui demeure à Hevron c'est-à-dire Avraham à qui Dieu a dévoilé que ses descendants seraient en exil. Ce moment est le début de l'exil qui va entraîner la vente de Yossef et sa descente en Égypte.
C'est ce profond conseil qui en fait dirige ce monde et qu'il faut rattacher aux actions des mondes inférieurs. Comment s'insinue le profond conseil dans les événements de la vente de Yossef?
 Les frères avaient une haine indicible envers Yossef, ils ont attendu le bon moment pour le capturer et le vendre pour à la fin se retrouver en Égypte. Ce sont des événements qui à priori n'ont aucun lien entre eux!
Mais derrière ces événements fortuits se dessine une volonté divine supérieure qui va se réaliser petit à petit. Il y a deux conduites principales qui dirigent la création. Il y a la conduite du jugement qui donne la possibilité au bien et au mal de se matérialiser dans les événements des mondes inférieurs. C'est une conduite divine où Dieu se conduit selon nos propres actions. Nous recevons le salaire de nos actions. Tout se construit selon nos mérites et nos démérites comme si nous influencions les mondes supérieurs, comme si nous rabaissions la force de Dieu par nos actions. C'est une conduite vraie mais qui n'est que l'extériorité de sa volonté divine.
  Le Ramh'al appelle cette conduite un engendrement de la dissimulation de la face divine car cette conduite ne révèle pas justement la véritable conduite mais au contraire, elle dévoile le contraire de celle-ci. Au lieu de dévoiler sa face, elle dévoile ses arrières. Dans ces arrières, dans cette dissimulation, apparaissent la droite et la gauche, le bien et le mal, cette conduite qui ne fait percevoir les choses que par leurs contraires et où le salaire et la punition se matérialisent. La vie se percevant selon la mort, le salaire selon la punition, le bien selon le mal. C'est la perception selon l'arbre de la connaissance, la conduite du jugement, du bien et du mal. Toute cette perception n'est que subjective, chacun ayant sa définition des limites, de la vie et de la mort, du bien et du mal.
 La réalité doit être universelle et objective et celle-ci s'acquiert en arrêtant de juger les choses avec notre propre unité de valeur. Et donc le mal et le bien en eux-mêmes n'existent pas car ils sont voués au jugement des sens. Toute cette conduite n'est liée qu'aux sens et à leur perception. Tous les malheurs viennent de cette perception subjective, chacun ayant sa propre vérité. Chacun ayant bien sûr raison étant dans le bien et les autres étant au contraire dans le mal. C'est le chemin qu'a pris le premier homme.
Il y a cependant un chemin vrai et principal dans la conduite divine de la création. D'après le Ramh'al, cette conduite est appelée la conduite de la ''réparation universelle''. Cette conduite où tout est réalisé de manière inexorable et où l'homme n'a aucune maîtrise dans sa vie. La moindre petite action, parole ou pensée étant déjà programmée depuis la création de l'existence. C'est une conduite où les actions, les paroles et les pensées des hommes n'ont aucune influence sur le déroulement de la vie car elle-mêmes sont déjà fixées depuis la nuit des temps.

 Cette conduite est au niveau de la tête de Atik, la tête inconnaissable la ''RADLA''.
De cette tête, Dieu épanche de manière inexorable où l'intellect n'a pas de prise. Dans la conduite du jugement, l'homme va toujours essayer de trouver une raison plausible aux événements, il va toujours vouloir maîtriser sa vie, son monde au contraire de la conduite de la Radla où il faudra pour y accéder, faire un lâcher-prise, s'annuler devant les événements de la vie, faire don de soi.
Dans la conduite de l'arbre de la connaissance, le jugement est le moteur qui va apaiser l'esprit de l'homme en se persuadant qu'il maîtrise la situation. Et lorsque le jugement n'apparaît plus aux yeux des hommes, alors c'est le chaos qui apparaît.
 Dans la conduite de l'arbre de vie au niveau de la RADLA , il amène en vérité la création et ses créatures à la perfection. Cependant, cette RADLA va ''utiliser'' les actions des mondes inférieurs comme s'ils étaient le déclencheur comme si nous étions partie prenante dans la réparation universelle et non un maillon de la chaîne sans aucune âme. Des fois Dieu va utiliser les actions des hommes et d'autres fois non, selon les besoins de la réparation universelle. Pour cela, il n'y a plus de raison de se demander pourquoi telle personne est riche et une autre pauvre, pourquoi il y a eu une inondation ou bien une pluie bénéfique....pourquoi un juste souffre et pourquoi un mécréant est heureux. En vérité lorsque Dieu punit ou récompense quelqu'un dans ce monde, il ne fait qu'utiliser cette conduite pour parfaire sa création et l'amener à la réparation finale car le véritable mérite est la proximité divine et la punition est l'éloignement divin. Tout ce qui advient dans ce monde n'est que pure bonté même si maintenant, cette bonté ne se perçoit pas. (encore un fois car notre perception du bien est calquée au mal).

Dieu agit dans ce monde par le truchement de la conduite du jugement, celle-ci n'est que l'habit de sa véritable conduite. L'action de l'homme n'est que le prétexte pour diffuser sa volonté.
Lorsqu'il y a eu la brisure des vases et que sont tombés les Kélim dans les mondes inférieurs, il n'y a pas une annulation complète mais il y a quelque chose qui continue à les faire exister, ce sont les 288 étincelles de lumière qui font perdurer les Kélim une fois que la lumière divine s'est retirée.
Le peuple d'Israël en Égypte est cette même notion des 288 étincelles qui font perdurer la matière, toute la création.
La sainteté ne se trouve que dans le peuple d'Israël. Le maître du monde a pris si l'on peut dire une partie de lui-même et l'a incrustée dans l'écorce même de la création. Israël alors se trouve à l'intérieur même de l'écorce, parmi les Nations. Et tout ceci pour les besoins de la réparation universelle. Cette réparation va se faire grâce aux 288 étincelles qui vont atteindre toutes les extrémités de la création et alors celle-ci va pouvoir s'élever et se mettre au service de la Kédoucha. Par cet asservissement des nations, eux-mêmes vont s'attacher à nous et en nous élevant, elles vont elles-aussi s'élever. Les Kélim sont la racine de la création, les forces de la création mais ces mêmes forces veulent régner, c'est le règne des sept rois de Édom qui entraîne la dissimulation du règne du roi des rois. C'est cela le véritable exil, c'est le monde dans le chaos du règne des Kélim.

C'est la situation des Kélim qui sont tombés de leur source. Nous savons aussi que Dieu a réparé les Kélim car les lumières ont réintégré leur place dans les Kélim mais uniquement dans les endroits où le mal n'est plus. La lumière ne rentrant que dans les endroits nettoyés du mal. Ces lumières de MA qui n'ont pu s'introduire dans les Kélim, les lumières de BAN, c'est la lumière propagée par le peuple d'Israël qui va s'introduire dans ces Kélim pour les réparer. Ce sont ces âmes qui vont descendre dans l'exil, dans l'écorce, dans les endroits où la lumière de MA ne peut entrer à cause de l'impureté engendrée par le mal.
Les âmes d'Israël sont elles-mêmes les lumières de MA qui descendent dans les endroits où le mal se matérialise afin d'asservir les Kélim aux lumières de MA. Les âmes du peuple d'Israël sont les véritables serviteurs plus que les anges. Car les anges ne peuvent faire ce travail mais les âmes d'Israël par cet envie de s'unir à Dieu, sont aptes à pouvoir extraire et élever les lumières de BAN de l'écorce du mal , élever la matière vers l'unité divine.
Ce sont ces mêmes âmes qui supportent les affres et les épreuves de l'exil, ''le juste qui souffre''. Par ces souffrances, se répare la création. Ce sont ces 288 étincelles de Kédoucha qui se trouvent dans tous les endroits du monde qui vont amener la réparation véritable de toute la création. Mais il y a un moment où le mal domine sur le monde, c'est le temps de l'exil. Mais il faut savoir que cet exil même est la réparation véritable de la création grâce à la souffrance qui est à priori le contraire de la providence divine. C'est le roi Messie qui va réparer complètement la brisure des vases. Et toutes les âmes d'Israël sont reliées à ce souffle du Messie. La réparation ne pourra se faire que par le don de soi que seules les grandes âmes d'Israël peuvent atteindre. La Torah est la réparation de façon secrète du monde mais le don de soi est la réparation véritable et directe. C'est l'amour gratuit sans rien espérer en retour. C'est le but de l'exil, entrer dans le mal et le purifier par le don de soi. En pensant nous asservir, les nations en fait se font attraper et se soumettent à la domination de la Kédoucha.

Rav Mordékhaï Chriqui 5777
Retranscription Rav Michael Smadja

Publie par la Source des sagesses
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