jeudi 22 février 2018

Fete-Pourim- Pas de Mordehai sans Aman



Fete-Pourim- Pas de Mordehai sans Aman

Nous allons parler du mystère de Pourim ou de la tête inconnaissable. 
Il y a un concept dans la Kabbala qui s'appelle ''Récha Déla Etyada''. 
C'est un plan divin que le Zohar appelle ''la tête inconnaissable''. Elle conserve en elle tout le plan secret de l'histoire qui est pour nous de l'ordre du caché, du ''Esther'' ou plus exactement de l'ordre de la non-perception et de l'insaisissable, de la non-compréhension. 
Nous allons trouvons cette notion dans l'histoire de Pourim. Le Talmud enseigne ainsi: « un homme a l'obligation de se saouler à Pourim jusqu'à ne plus distinguer entre ''béni soit Mordékhaï'' et ''maudit soit Aman''», ne plus distinguer entre le bien et le mal par le fait de confondre Aman et Mordékhaï.
 La valeur numérique de ''ברוך מרדכי'', ''béni soit Mordékhaï'' est la même que ''ארור המן'', ''maudit soit Amman'' qui est de 502. le but de Pourim est d'arriver au point de non-connaissance, de non-distinction et non pas de se saouler.
La dégradation du peuple d'Israël a commencé par l'intronisation du roi Ah'achvéroch lorsque les juifs ont profité de son banquet où le roi va s'habiller des vêtements du grand prêtre et où les ustensiles sont ceux du saint temple.

D'après les Kabbalistes, il y a un flux divin qui illumine dans chaque fête. Ce flux caractérise la fête, il contient un message profond de l'ordre de la divinité. Chaque fête exprime le divin d'une manière différente, un Partsouf différent, une configuration particulière.
 Le Ari Zal enseigne que la Fête de Pourim révèle le Yessod de Abba. Le fondement de la sagesse qui est de l'ordre de l'amour qui se révèle tous les jours lorsque nous disons dans la prière '' béni soit l'éternel qui aime le peuple d'Israël'' et au moment du ''Shéma''. Et même lorsque nous montons à la Torah, il y a ce niveau de Yessod de Abba qui se révèle.
 Le Ari Zal dit que toute la journée de Pourim, il y a cette émanation.
Qu'est cette émanation qui caractérise la fête de Pourim?
Le Talmud demande: « où est mentionné le nom de Esther dans la Torah? 
Aster astir panaï miliphnéeme» « je cacherai mon visage de devant eux». Donc cette dissimulation de la présence divine qui se trouve dans la Torah, la Méguila Esther va la révéler. ''Méguila'' veut dire ''dévoiler'' et ''Esther'' veut dire ''la dissimulation'' car le mot ''אסתר'' se décompose ainsi ''א....סתר'', D-ieu caché qui est dévoilé au moment de Pourim par la lecture de la Méguila.
 La Méguila va révéler le D-ieu de l'histoire , l'histoire étant dirigée par l'unique.

 Pour cela, on déploie toute la Méguila, pour dire qu'il y a une expansion de la divinité où il faut voir aussi la fin. Mais le début aussi est important même s'il semble insignifiant, D-ieu est derrière cet insignifiant. 
Chaque fois qu'il est mentionné le nom ''le ROI'', il s'agit du véritable roi, D-ieu et même si le texte parle en fait du roi Ah'achvéroch car en fait il n'y a qu'un seul roi et malgré nous, nous accomplissons sa volonté.
 Il y a dans l'histoire de Esther quelque chose de particulier. Tout le monde accomplie la volonté de D-ieu mais Amman lui-même l'anti-thèse du peuple juif, va faire toute l'histoire de Pourim.
 C'est lui qui amène Esther au pouvoir, c'est lui qui amène l'idée de tuer Vachti et plus tard il va donner l'idée aussi de couronner Mordékhaï. C'est lui qui est l'invité d'honneur du festin d'Esther. Amman a la valeur numérique de 95, c'est la même que ''כס יה'' ''le trône de D-ieu'' qui se traduit plutôt par ''celui qui cache le divin'', celui qui met en doute le trône de D-ieu en enlevant le א du mot ''כסא'' le trône. 
Le monde devient manquant de l'unité divine. Il montre que ce monde ne fonctionne que par le hasard. Nos maîtres appelle Amman qui est le petit-fils de Amalek, le petit-fils du hasard
L'histoire de la Méguila n'est superficiellement qu'une suite de hasards. Mais en vérité, ce même Amman, ce ''כס יה'' est le Roi, ''המלך'' qui a aussi la valeur numérique de 95. En réalité, même celui qui pense caché D-ieu, réalise la volonté de D-ieu. Et nos maîtres vont jusqu'à dire que ce qu'a fait la bague royale au doigt de Amman, 48 prophètes et 7 prophétesses n'ont pu le faire. Il n'y a pas eu plus grande unité dans le peuple d'Israël qu'au temps du décret de Amman. On n'a jamais accepté la Torah comme nous l'avons acceptée à l'époque de Ampeut-être man. Donc le Mal travaille pour D-ieu aussi bien que le bien.

Il faut arriver à Pourim à une situation où on ne sait plus qu'est-ce qui travaille le mieux pour D-ieu! Est-ce MordékhaÏ ou bien Amman? 
Lorsque l'on dit qu'il faut boire jusqu'à ce que l'on ne peut plus distinguer entre Mordékhaï et Amman, cela veut dire que nous arrivons à un niveau de perception où le bien et le mal se confondent car allant dans une même direction, la réparation du monde.
Il y a quelque chose d'extraordinaire qui se passe à Pourim qui ne s'est jamais passé avant. Les prophètes auparavant guidaient le peuple afin de s'opposer au mal. À Pourim, il y a une autre voie qui s'est révélée. 
Esther a pris en considération le Mal. Elle rentre à l'intérieur de la bouche du lion qu'est Amman. Elle travaille en cachette, elle ne veut pas faire savoir qui elle est. En cachant son origine, elle limite la présence divine qui elle-aussi se cache dans tous les palais, se cache à travers tous les hommes qui réalisent sa volonté divine.
Le Ramh'al dans Daat Tévounot explique dans le chapitre sur l'arbre de la connaissance du bien et du mal ainsi: il y a un arbre du savoir, la voie du savoir du bien et du mal qui passe par la perception du bien et du mal que D-ieu a proposé au premier homme et qui se trouve dans le Gan Eden. Et il y a une autre voie qui est la voie de la soumission, la voie de la foi, l'arbre de la vie éternelle, la voie de la vie avec D-ieu. Il y a aussi voie de la vie sans D-ieu, la voie de l'expérience.
 L'arbre de la connaissance est la voie de l'expérience où l'homme expérimente sa vie et où il comprend tout ce qu'il fait. Il comprend par son contraire, il comprend le bien par le mal, la lumière par les ténèbres. Cette voie, c'est la voie que le premier homme a pris et toute l'humanité après lui, c'est la voie de la dialectique, la voie de la dualité, la voie de l'expérience. Dans cette voie de l'arbre de la connaissance, il y a une chose et son contraire. Car la compréhension ne peut se faire que par une limite qui est son contraire. On ne saisit et donc on ne limite une chose que par son contraire. Pour comprendre la vie, il y a besoin de la mort. Dans cette voie de compréhension, la mort est inéluctable. ''le jour où tu consommeras de cet arbre, tu mourras''. En fait, tu vivras mais dans un niveau de perception où la mort est sa limite. On rentre alors dans l'extase du plaisir et de l'envie car cette vie n'a un sens que par cette mort. Donc, il faut goûter chaque moment de notre vie comme s'il était le dernier moment de notre vie. Il faut essayer de le capturer afin de ne pas le laisser s'échapper. Tout fonctionne donc par son contraire et même D-ieu va fonctionner ainsi, il va œuvrer au niveau de l'histoire par rapport à l'arbre de la connaissance. En d'autres termes, Mordékhaï ne peut être Mordékhaï sans Amman. Sans Parho, qui est Moshé Rabbénou? 
C'est cela le sens profond de ''viens vers Parho''. Même Moshé Rabbénou a besoin de Parho pour se révéler. Pour sortir d’Égypte, il faut un esclavage auparavant. Il faut passer par une réalité que l'on appelle Parho, que l'on appelle le mal. Il y a une réalité qui s'appelle l'écorce. C'est la raison pour laquelle il faut parler de Ah'achvéroch et de Amman avant même Mordékhaï. Il faut commencer la Méguila par le mal, par Ah'achvéroch, par Amman, par le festin. Comme il est dit à propos du commencement de la création, le monde était plongé dans le chaos, dans les ténèbres. Ce n'est qu'après que la lumière est apparue. Ce n'est qu'après que Essav soit sortie, que Yaacov a pu sortir saisissant son talon. Il faut que Essav se révèle entièrement pour que se révèle Yaacov. On a besoin donc du mal pour révéler le bien et donc, on a besoin de Amman.
Après la sortie d’Égypte, il y a eu la révélation sinaïtique et l'on s'est séparé complètement de la perception de la dualité et donc du mal. On était séparé de toutes les nations. Auparavant on était dans le ventre des peuples, on était dans la capitale des nations. Mais maintenant, nous sommes dans une dimension où seul D-ieu réside et où le mal n'agit plus en nous. Cette dualité qui procède du serpent et qui a confondu l'homme, a été interrompue avec la révélation sinaïtique. Dès que D-ieu s'est révélé ''JE suis Hachem...'', il n'y a plus donc la mort puisque la vie ne se perçoit plus par son contraire. 
Israël perçoit alors la vie réelle sans la mort. Nous sommes revenus au niveau de la perception de l'arbre de la vie éternelle. On ne recherche plus à comprendre, à saisir la vérité par une chose et son contraire.
 Puis on a échoué ce projet de vivre la vie éternelle et la brisure des tables nous ramène à la situation de deux tables et non pas d'une table unique.
 Dans les premières tables, il est écrit ''לוחת'' ''louh'at'' au singulier et non pas ''לוחות'' ''louh'ot'' au pluriel pour définir les tables. 
Cela signifie que les deux premières tables n'étaient qu'une seule table.

 Alors qu'au moment du deuxième don de la Torah, elles étaient devenues deux, il y avait la droite et la gauche, les lumières et les ténèbres... 
nous sommes revenus à la dualité et nous avons aussi une Torah de la dualité, une Torah qui va réparer la dualité. Elle prend conscience de cette dualité, elle prend en compte cette dualité. 
Cette dualité est représentée par les 49 façons de rendre impur en face des 49 façons de rendre pur. Contre les 49 degrés d'impureté, il y a 49 degrés de pureté. Il y a des permissions et des interdits. Nous vivons dans la confrontation pour réparer la dualité grâce à la Torah.
 Mais il y a une porte, la cinquantième qui est la voie de la prophétie, la voie de l'unité que l'on appelle la cinquantième porte. 
Le Ramh'al dans Daat Tévounot dit que ce que le premier homme a refusé d'accepter cette veille de Shabbat à la fin du sixième jour, il va l'accepter à la fin du sixième millénaire. Mais il va le recevoir par l'expérience. Il finira l'expérience du monde et par cela il acceptera cette vérité qu'il n'y a rien d'autre que D-ieu.

 Mais pour le moment, il y a beaucoup de lois que l'homme considère en dehors de D-ieu jusqu'à ce qu'il comprenne la véritable cause de toutes ces lois. Il aurait pu accepter directement ce principe qu'il n n'y a rien d'autre que lui. Mais maintenant, l'homme va descendre dans une situation où il va être confronté à l'expérience, une chose et son contraire. Par exemple, on étudie un texte du Talmud, on l'analyse. C'est une analyse logique mais en vérité il y a deux manières d'accepter une Mitsva soit en l'acceptant telle qu'elle elle soit par l'expérience c'est-à-dire avec une analyse, par une confrontation.
 D'après le Zohar et les maîtres de la Kabbala, le Talmud a été donné avec les deuxièmes tables de la loi.
Dans les premières tables, il n'y avait que les cinq livres de la Torah et d'autres maîtres rajoutent le livre de Yéhochoua. Toute la dialectique, toute la confrontation, toute la dualité se trouvent dans le Talmud. À savoir la logique humaine, c'est l'arbre de la connaissance, la voie du savoir

Donc la Torah s'insère aussi après le veau d'or dans cette voie de la connaissance du bien et du mal. Chaque chose va être analysée, il va y avoir de nouvelles lois pour affermir ce qui a été dit au Mont Sinaï. 
Amman correspond à cette voie de l'arbre de la connaissance. Pour Esther, il est mentionné « aster ester panim'' D-ieu cache sa face. 
C'est-à-dire que Esther correspond à une dissimulation, elle dissimule son esprit, son nom, son origine, son savoir, sa faculté cognitive car Esther ne fait que ce que Mordékhaï lui dit de faire. Son savoir vient de la sagesse suprême, c'est cela le Yessod de Abba.
 Le Yessod de la H'okhma, Mordékhaï correspond à la H'okhma. 
Le Ari Zal dit que le principe de la H'okhma à Pourim éclate tout et atteint la royauté, cet aspect féminin que l'on appelle Esther.
 Le א, cette unité se révèle à Pourim à travers la dissimulation.
 Esther est le contraire de Amman. Esther est considéré comme l'arbre de la vie, c'est l'annulation, c'est l’annihilation. 
Le premier homme devait uniquement annuler son cerveau, son esprit, ses pensées issues de la dualité. Il faut accepter, se soumettre. 
Par contre l'arbre de la connaissance c'est Amman! 
C'est se présenter, s'exposer, c'est un désir, une envie, c'est exprimer son envie, son désir. Le fruit de l'arbre de la connaissance est un désir pour les yeux. Il ne veut pas être un objet dans l'histoire, il veut être un sujet. C'est ce que dit le serpent au premier homme « vous deviendrez comme D-ieu», vous n'allez pas vous soumettre toute votre vie! En prenant votre liberté, vous allez ressentir que vous êtes des dieux. Amman s'autoproclame dieu. 

Le Talmud demande: « où est mentionné Amman dans la Torah? 
Du verset AMMIN ahets azé, est-ce de cet arbre de la connaissance qu'il vous a interdit de manger?»
 Amman est une question sans réponse « est-ce de cet arbre?».
 Amman a construit un arbre de cinquante coudées que sa femme Zérech lui a conseillé de faire, le côté féminin du Mal. Et sur cette arbre, il faut pendre Mordékhaï. Il y a un niveau où le mal n'a pas accès car tout principe du mal peut se confronter à n'importe quel principe du bien.
 D'après la Kabbala, lorsque l'on dit ''ceci en parallèle à cela'' dans l'expérience humaine, il y a toujours un parallèle mais il y a un élément qui échappe au mal, c'est le Kéter, la couronne, c'est la souveraineté, c'est la direction. Amman et aussi Ah'achvéroch parlent de la direction, d'en être le moteur et de vouloir par cela diriger le monde. Ils veulent atteindre le cinquantième degré, ils veulent amener la puissance terrestre par la bague, ''טבעת'' qui est le symbole de la puissance de la nature, du ''טבע'' au niveau du divin. Celui qui domine la nature par la science ou par la force est celui qui dirige le monde, et celui-ci est Amman. Mais il y a un degré qui jusqu'à présent leur échappait. 
Le Zohar lorsqu'il parle de ''l'autre côté'', du principe du mal, il le nomme ''un royaume sans couronne''. En fait Amman veut prendre la place de Ah'achvéroch. Lorsque le ROI (D-ieu) n'arrivait pas à dormir, il a fait convoqué Amman et lui a demandé: « que faire à celui qui est l'aimé du ROI?» Amman pensant qu'il parlait de lui, lui a demandé alors de lui donner sa couronne. À la fin, c'est Mordékhaï qui va prendre la couronne du ROI.

Le peuple juif dérangeait Amman. Il a présenté ce peuple à Ah'achvéroch ainsi: « il y a un peuple ''Yechno Am ''» il y a un peuple dont le D-ieu dort 'Yochen''' cela veut dire que ce peuple est en exil et il a perdu la protection de son D-ieu qui ne se réveille qu'en terre d'Israël. Amman était un grand théologien, il avait une idée sur la cosmogonie du monde, il avait une idée sur la théogonie, sur la création du monde. Il avait une idée aussi sur la place du mal dans le monde. Amman correspondait à ce principe qui nous amène à l'incertitude où tout est remis en question. Car lorsqu'une chose est établie, il y a forcément son contraire. 
Le Ramh'al dit que le contraire de D-ieu qui est le Mal, n'est rien d'autre que D-ieu lui-même. En d'autres termes, D-ieu est tout et est UN.
 La notion de l'unité chez le Ramh'al, donne la souveraineté à D-ieu dans toute la direction et dans toute l'histoire.
 Cependant le Mal est la pierre d'achoppement qui remet en cause l'unité de la divinité où plutôt la justice divine. Le mal ne remet pas en cause le divin mais la conduite de la justice. '' Pourquoi le juste souffrirait-il? 
Pourquoi le mécréant serait-il heureux?
 Donc s'il y a un D-ieu de justice, il ne devrait pas avoir de Mal, il ne devrait pas y avoir le Mécréant ou bien le juste qui souffre! 
Le Roi Shlomo a dit: « le juste et le mécréant disparaîtront en un moment, par hasard». Ce hasard c'est Amman. Il n'existe pas de certitude, une fois c'est le bien, une fois c'est le mal. Il n'y a donc pas une voie déterminée. On est dans l'indéterminisme.
Le Ramh'al explique que celui qui veut guérir une plaie complètement, il faut qu''il aille jusqu'à la racine du mal. Ainsi celui qui veut se défaire du Mal, doit rechercher sa cause profonde. On parle ici du Mal ontologique. Car sans cause, il n'y a pas d'effet. Quelle est la racine et la cause du Mal?
 C'est pour révéler l'unité car c'est par la transformation de ce mal en bien, que son unité se dévoile. En d'autres termes, il faut que Amman accomplisse la volonté de D-ieu même lorsqu'il pense que c'est le contraire de sa volonté car en vérité c'est sa volonté et par ce Mal, D-ieu va se révéler. Il faut donc cette inversion, ce 14 Addar qui devait être un jour de destruction devienne une fête. 
Qui révèle cette fête?
 C'est Amman, c'est le Mal qui va la révéler car c'est lui qui va amener Esther au pouvoir, c'est lui qui va amener Mordékhaï au pouvoir. Cette bague que va recevoir Mordékhaï qu'il prend de la main de Amman, il va l'utiliser pour inverser le Mal et le rendre Bien.
 Moshé Rabbénou a travailler dans une autre voie, il s'opposait au Mal ou plutôt s'éloignait du Mal. 
Esther va faire quelque chose qui est apparemment le contraire de tout raisonnement logique. Esther s'est rapprochée de Amman en l'invitant à son festin. Elle voulait le séduire pour rendre jaloux Ah'achvéroch et par son don de soi, elle va réussir à faire tuer Amman. ''Que viennent le ROI et Amman aujourd'hui'' ''יבא המלך והמן היום'', explique que dans ce verset, il y a le mystère de toute l'existence et de la réalité du monde. 
Les initiales de ce verset forent le nom du tétragramme ''י.ה.ו.ה'' ce nom définie que D-ieu est toute l'existence dans le passé, dans le présent et dans le futur: ''j'étais, je suis et je serais''. 
C'est toute la réalité de l'histoire et Amman a sa place aussi dans l'histoire
Amman est avec D-ieu pour nous dire que toute l'histoire est l'accomplissement de la volonté de D-ieu. Dans ce programme universel, le Mal a une place, il est au service de D-ieu et il travaille autant si ce n'est pas plus que le Bien. Amman travaille autant que Mordékhaï. 
Et c'est dans la tête qui est imperceptible et qui s'appelle la Radla que se trouve le plan inconnaissable où il n'y a pas de différence entre Mordékhaï et Amman. 

C'est ce que le Talmud dit: « il faut tellement se saouler jusqu'à ne plus différencier entre ''béni soit Mordékhaï'' et ''maudit soi Amman'' jusqu'à arriver à cette cinquantième porte, jusqu'à cette tête qui donne une place à chacun dans la réalité de la réparation universelle mais un est mécréant et l'autre est juste et ces deux côtés se révèlent ensemble. Mordékhaï ne peut exister sans Amman dans le plan divin. On a besoin du serpent pour révéler le premier homme.

Beaucoup de gens pensent que D-ieu dirige le monde par la justice mais en vérité ce n'est pas sa direction essentielle. Le but de la création, la direction essentielle est la conduite vers l'unité. Le but essentiel n'est pas de faire la justice, ce n'est pas de donner dans ce monde le bonheur aux justes et le malheur aux mécréants car nous voyons le contraire dans ce monde. En fait D-ieu veut réparer le monde, il veut l'amener à la perfection, il veut le préparer à recevoir l'unité, il veut le préparer à la révélation de l'unité.
Et pour cela, D-ieu répartie la réparation du monde aux âmes. Il y a une distribution des fonctions, chacun a une place dans le monde, même Amman a sa place. 
En vérité, le Mal n'est ressenti que lorsqu'il est déconnecté de ce programme universel. Et lorsqu'il revient dans le programme, ce mal alors se transforme en bien mais si l'homme se sépare du programme alors ce Mal est perçu comme une destruction. 
Rabbi Akiba dit que en vérité tout est bien et même au moment de sa mort, il souriait! Ses élèves étaient dérangés par ce sourire et même Moshé Rabbénou était dérangé! « C'est cela la Torah? C'est cela son salaire?» car Moshé Rabbénou est le maître de la justice qui veut révéler le D-ieu de la justice. D-ieu demande à Moshé de se taire car « ainsi il est monté dans ma pensée suprême». 
Le Ari Zal explique ce verset ainsi: « lui, Rabbi Akiba est monté dans mon esprit» il est monté dans cette ''tête'' que l'on appelle la ''tête inconnaissable''. Dans la ''tête inconnaissable'' où tout est bien où plutôt où tout est pour la réparation. Ce que voit Moshé Rabbénou, c'est le nœud des ''Téphilin'' de D-ieu, disent nos maîtres. Il voit la dualité, le bien dans la dualité, ce bien qui est défini par le Mal, dont sa limite est le Mal. Moshé est là pour réparer l'arbre de la connaissance. Il veut donner une réponse au serpent. Moshé doit saisir le serpent pour le convertir à la voie du divin. Cependant il a peur du serpent, il a peur de Parho, il s'éloigne alors du mal.
Esther, elle, invite le serpent car il faut être rusé comme lui. Il faut aller à la tête du serpent, il faut aller à la racine du Mal, à la cause de la dualité. Si l'on veut réparer le monde par la voie de la Justice, on ne pourra jamais réparer le Mal. Il faut aller dans la dimension du contraire et percevoir que ce contraire n'est rien d'autre que lui.

Mordékhaï a rassemblé tous les juifs et ils ont jeûné le jour même de Pessah', le jour même de la délivrance, le jour de la rédemption. Ce jour-là, Mordékhaï a transgressé le commandement positif de manger la Matsa, le 15 Nissan. 
Cette libération, nous la transformons en deuil afin que D-ieu la transforme en libération et en rédemption. Ce jour de deuil est devenu un jour d'allégresse disent nos maîtres. Mais il fallait commencer par le contraire. Il fallait que Esther entre dans la gueule du lion. À ce moment, il va se passer quelque chose d'extraordinaire,
Pessah qui est le jour de la délivrance divine devient le deuil d'Israël qui va devenir lui-même la rédemption totale du peuple d'Israël. Car par cette perception du contraire qui va être le moteur de la rédemption, on ressent au plus profond de nous qu'il n'y a rien d'autre que lui. Et c'est seulement la cinquantième porte qui permet cette union des contraires, qui permet la transformation du Mal en Bien. Il faut revenir à l'origine et l'origine du Mal c'est le Bien car il n'y a pas de Mal sans le Bien. Le Mal ne se révèle qu'en tant qu'absence du Bien. Mais cette réalité qui s'appelle ''Mal'', si nous l'amenons à la cinquantième porte, Amman, il faut le pendre à la potence de 50 coudées, alors, celui-ci devient pareil à Mordékhaï. Pour cela la valeur numérique de ''ברוך מרדכי'' est la même que ''ארור המן''. Il faut arriver à confondre Mordékaï et Aman jusqu'à ne plus les reconnaître. Il y a une cinquantième porte qui s'ouvre à Pourim où tout devient UN. Il y a alors cette unité qui se révèle grâce à l'union des contraires. La couronne qui devait revenir à Amman va maintenant sur la tête de Mordékhaï. Il y a une transformation du Mal en Bien. Cette transformation ne se trouve que dans cette tête inconnaissable.
« et le juste et le mécréant tu les tues en même temps» dit le roi Shlomo, il n'y a pas de différence, c'est le hasard. C'est ce que dit Amman. Mais c'est ce que nous ressentons aussi au fond de nous. Le plan divin qui est au niveau de la tête inconnaissable, la Radla, est imperméable. Il a déjà distribué les fonctions.

 Pourquoi Rabbi Ellazar doit souffrir de faim?
 Car il a reçu une fonction, il a une tâche à accomplir afin de réparer ce monde par la famine. Et même lorsque Rabbi Ellazar demande à manger à D-ieu, sa fonction ne peut être changée si ce n'est qu'il faudrait recréer le monde car tout est fixé dans cette tête inconnaissable depuis le début de la création. Et donc selon la distribution, il existe le juste qui souffre et le mécréant qui est heureux. Mais selon la voie de la justice, cela n'est pas concevable. Comment un mécréant peut-il expérimenter le bonheur? Et donc où est D-ieu? Pourquoi ces enfants doivent-ils mourir?
 Dans la voie de la justice, nous voyons que c'est la force du Mal qui domine. Chacun ressent alors la possibilité de prendre le pouvoir et de tuer pour faire la justice comme Amman ou même Hitler. Apparemment, D-ieu crée cette incertitude puisqu'il a basé tout le plan de la direction divine non pas sur la justice comme on veut le comprendre mais sur cette tête inconnaissable où l'on ne comprend pas. Cette voie de l'incompréhension donne une place à la foi, mettre notre confiance en D-ieu, faire confiance à la réparation du monde. À ce niveau, il ne s'agit pas de Daat, de connaissance cognitive car cela ne peut être perçu par la connaissance cognitive. À Pourim, il faut arriver à cette situation '' jusqu'à ne plus connaître'', jusqu'à ne plus rien comprendre, arrêter de comprendre de cette compréhension cognitive issue des contraires. À Pessah' on jeûne!!!! cela n'est pas compréhensible et pourtant c'est par cette incompréhension que la délivrance, que la rédemption est venue.
 Mordékhaï qui met les habits d'un roi et Amman les habits du grand prêtre, l'un qui prend la place de l'autre, c'est cela la dimension de Pourim. Amman ''המן'' a la même valeur numérique de 95 que ''המלך'' le roi. Il exprime le ROI, c'est-à-dire D-ieu mais il n'en est pas conscient comme le serpent qui est inconscient de sa tâche dans le monde.
Amman est celui qui tient les rênes du cheval de Mordékhaï, celui qui sert le juste. Le serpent a amené la voie de la ruse et de la dualité. Nos maîtres s'expriment sur le serpent et sur tous les mécréants ''dommage pour ce serviteur'' car en vérité, si l'homme soumet la faculté cognitive (qui raisonne dans la dualité et selon la dualité) à la foi, alors ce serpent peut être ton serviteur. Il peut te servir dans ton élévation, dans cette vision de ''il n'y a rien d'autre que lui'' où même son contraire est lui. C'est pour cela que le nom de D-ieu n'est pas mentionné dans la Meguila
 Seul le nom de Amman est mentionné « Que le roi avec Amman vienne aujourd'hui» ''י.ה.ו.ה'' il n'y a qu'une seule réalité que D-ieu veut montrer. Non seulement que le Mal est soumis à D-ieu mais qu'il n'est que volonté divine. Mais si l'homme sépare cette volonté de ce plan divin, alors dans ce cas-là, le Mal devient mauvais et il est synonyme de destruction. C'est pour cela que nos maîtres disent ''dommage pour ce serviteur''. Le Mal doit être au service du Bien. Le Mal est l'envie, le plaisir comme il est dit à propos du fruit de l'arbre de la connaissance ''c'est un plaisir pour les yeux'' qui signifie que toute cette approche intellectuelle est un plaisir, un désir de se rattacher. Comprendre est une sorte d'unification avec la chose désirée. En fait ce désir existe et se trouve dans le serpent. C'est un plaisir qui se révèle lorsque l'homme veut se singulariser. Amman veut devenir un être unique alors que Esther est le contraire, elle se dissimule, elle se cache, elle ne dévoile rien de sa personnalité. Ce qui veut se distinguer dans l'homme est ce désir issu du serpent. Par cette personnification, par ce culte de l'ego, le Mal issue de la dualité prend forme en tant que souffrance. Le serpent comme le Mal nous donne une certaine autonomie, une distinction. Mais dans l'arbre de vie, cette distinction n'est qu'une confusion. Le premier homme devait s'annuler et se confondre avec D-ieu et donc se soumettre. Alors que dans l'arbre de la connaissance, l'homme raisonne, domine, existe et ne se soumet à D'ieu que par le raisonnement en repoussant le Mal qui existe déjà en tant que mal. Et ainsi, il ne s'annule pas, au contraire, il se singularise.

Au moment de l’acceptation de la Torah par amour à Pourim, la dualité a disparue. Elle est devenue une totalité où nous n'avons aucune part particulière dedans. À Pourim se révèle le principe de l'amour dit le Ari Zal, le Yessod de Abba. C'est le principe de l'union qui se révèle. À aucune autre fête se révèle cette émanation car pour avoir cette révélation, il faut une totalité, il faut intégrer le Mal. Car si nous ne nous annulons pas complètement car cela nous fait peur, alors nous ne sommes pas entiers, nous ne sommes pas complets. « Que le Roi vienne avec Amman» dans ce cas, il n'y a plus rien d'autre que D-ieu. Mais il y a une partie de nous qui ne veut pas intégrer le tout, il y a un raisonnement, une envie qui m'empêche de me fondre au tout. À Pourim, le peuple d'Israël a atteint de la manière la plus totale l'unité de « il n'y a rien d'autre que lui».

Rav Mordékhaï Chriqui (5776)
Retranscription Rav Michael Smadja
Publie par la Source des sagesses
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