mardi 30 janvier 2018

Fête - Tou Be Chevat - Le nouvel An des Arbres 2

 

Tou bé Chevat, le nouvel an des arbres

Il faut arriver à placer la révélation de son unité divine au début et à la fin de chaque étude de Torah afin de s'introduire dans son intériorité. 

Au début de son livre ''les 138 portes de la sagesse'', le Ramh'al parle de la volonté parfaite qui est la base de toute la création et de tout le dévoilement divin. La création n'est qu'une révélation spécifique mais avant cette création, il y a d'autres dévoilements qui s'appellent les ''Séphirot'', les ''mondes'', ''l'homme primordial'', ''Adam Kadmon'', le monde de la ''Atsilout'', de l'émanation. Ce n'est qu'après que se révèlent les mondes des créatures, le monde des âmes, le mondes des anges et le monde des créatures matérielles. Mais le monde vrai, si je ne parle que du monde de la Atsilout et même si je ne parle que de A-K (Adam Kadmon) ou du Kav (flux) infini ou de l'infini ''unitude'' qui agit partout, tous ces mondes viennent des Séphirot qui sont des degrés de l'infini. La différence entre l'infini et les Séphirot est que l'infini est imperceptible alors que les Séphirot sont des degrés de l'infini qui peuvent être perceptibles car ce sont des degrés qui se révèlent selon le temps, selon l'endroit et selon les âmes. Mais le Ramh'al n'est pas tellement intéressé par celles-ci si ce n'est que pour comprendre l'unité, il faut comprendre tous les détails de cette unité divine. Et ces détails se révèlent par le flux du temps. Mais en réalité, la véritable unité ne change pas bien que les temps changent, que les créatures changent, les degrés changent l'une envers l'autre et même les Séphirot changent selon leur emplacement. Mais il y a un ''Kav'', un rayon qui ne change jamais et qui est parfait qui est ce bien qui perdure et qui se révèle.

Si l'étude de la Torah n'influe pas dans l'intériorité même de l'homme, bien qu'il acquiert nombre de connaissances, ce n'est qu'une grande perte de temps. Si l'homme par son étude, ne dirige pas ses pensées à révéler la sainteté, les Moh'in, les cerveaux de la présence divine, cette étude n'est qu'une perte de temps. La Chékhina est la ''machine'' qui fait fonctionner le monde. Mais cette machine a tellement d'habits à chacun de ses flux d'épanchement (que sont les lois de la Nature) que nous ne percevons que les Kélim, les vases. Mais derrière toutes ces lois, c'est la Chékhina qui leur donne vie. Ces flux sont appelés en fait des ''anges'' et chaque force de ce monde est dirigée par un des anges (que sont ces flux). Le monde de la Yétsira, le monde des anges est un monde profane, c'est le monde des six Séphirot inférieures. La Chékhina qui est le moteur de ces forces est alors pauvre et muette. Elle ne peut s'exprimer que par les paroles de Torah qui sont étudiées pour la révéler justement. Tout intérêt qu'il soit matériel ou même spirituel est de l'ordre du penchant. Dans ce genre d'étude, il n'y a pas Dieu, il n'y a que la connaissance inférieure, issue des pulsions animales de l'homme. L'ego n'étant qu'une pulsion mal maîtrisée qui n'est absolument pas intéressée par la réparation de la chékhina dans ce monde, cet intérêt animal est tout le contraire de cette révélation. Il faut arriver à réparer son Kéli pour pouvoir recevoir cette lumière divine qu'est la Chékhina. Il y a dans la Torah quelque chose d'éternel du niveau de l'unité supérieure mais pour l'atteindre, il faut enlever ces écorces qui recouvrent cette éternité. Il faut réparer ce lien entre la Néchama et la Chékhina et ceci passe par l'étude exclusivement consacrée à la réparation de la Chékhina. 

Selon le Ari Zal, une réincarnation a pour but de purifier la personne de ses fautes. Pour le Ramh'al, les réincarnations ont pour but la réparation de la conduite. Chaque moment qui passe est une réparation de la conduite, il n'y a aucun événement laissé au hasard et qui n'est pas destiné à la reconstruction de la Chékhina. Chaque action de notre histoire est un pan de la Chékhina qui se révèle. Même les fautes sont des tâches qui sont faites à la Chékhina et celui qui ne souffre pas de ce ''mal'' que la Chékhina subit, n'est pas en connexion avec elle et même si cette personne extérieurement a tous les signes d'être un serviteur de Dieu! Le véritable service n'est que dans le renforcement de ce lien indéfectible entre Dieu et nous. 

La Malkhout est appelée ''Mélakha'' ''le travail'' et tant que la Malkhout n'est pas épurée de ses scories, elle n'est que peine, elle n'est que souffrance tant que nous allons dans ce chemin de la peine. Mais lorsque la Malkhout est épurée de ses impuretés, elle est appelée ''Ménouh'a'' ''sérénité'', elle est alors habillée de Arikh' Anpin, du ''grand visage'', c'est la conséquence de l'union de Arikh' avec la Malkhout. Le Ramh'al, là où les autres justes s'occupent de la séparation (Nessira), de la construction de la Noukva, s'occupe afin que Arikh' habille la Noukva dans la Malkhout. Comment faire de la Malkhout, le Kéter, comment faire pour que la Malkhout puisse atteindre le Kéter? Comment faire régner le roi? C'est-à-dire comment placer la couronne sur la Malkhout? Il est exact que cela passe par la Nessira, par la construction de la Noukva d'un point unique à Rosh Hachana jusqu'à arriver à Kippour au niveau du Kéter mais dès le premier jour de l'année, on s'occupe du Kéter de la Malkhout, enseigne le Ramh'al. Où tous les autres sages ne voient qu'une séparation dans Rosh Hachana, le Ramh'al voit une réparation du Kéter. La réparation de la Nessira est au niveau du travail car c'est un jugement, un Din, c'est le niveau de ''arrière-arrière'' entre Z-A et Noukva qu'il faut inverser pour l'amener à ''face-face''. Et donc à priori ce jour est un jour de rigueur où il faudrait jeûner et pourtant le prophète nous impose de festoyer car c'est un jour de joie! Comment ce jour de rigueur peut-il se transformer en jour de joie? Car chaque jour, cette Nessira va construire petit à petit cette Noukva jusqu'au huitième jour de Souccot où se fera l'union avec Z-A. Mais d'après le Ramh'al, dès le premier jour, la Noukva se trouve déjà ''face-face'' avec Z-A mais l'union ne se fait pas encore. C'est le niveau de Arikh' Anpin qui agit directement sur la Noukva dès le premier jour. C'est l'action de l'union, de l'unité divine. Même si tout le monde s'occupe ce jour de la séparation de la Noukva d'avec Z-A, le Ramh'al veut faire régner le Roi sur toute la terre. La Chékhina a deux niveau: 1/ la fatigue comme le travail, le temps profane 2/ en tant que sacré qui est la sérénité du Shabbat. La Kédoucha étant l'arrêt de la fatigue. La Chékhina est habillée dans nombre d'habits afin d'arriver à cette ''Mélakha'', ce travail et ces habits sont les anges. Il faut la sortir de ces habits et la purifier, la faire sortir du monde de la Yetsira et du monde de la Bérya. En prononçant le premier mot de la Téphila ''adona-ï'', on demande que la Chékhina se sépare de ses habits pour la faire entrer dans le monde de la Atsilout, le monde de la sérénité. Mais la véritable sérénité se fait le Shabbat où Arikh' Anpin domine. Dieu a un char céleste qui est son moteur dans le monde. Ce moteur s'appelle la '' Chékhina'' qui est représentée par les trois premières lettres du tétragramme. Et le bien est lorsque la dernière lettre s'unit à ces trois lettres mais si cette lettre n'a de relation qu'avec les anges, le monde de la Yetsira, le travail de la Chékhina n'est que d'un niveau profane où ne se révèle que la fatigue. Zéïr Anpin et Noukva étant habillés par les forces angéliques et le monde apparaît comme un monde dirigé par ses propres forces. C'est la Nature et ses lois qui vont cacher la Chékhina et l'empêcher d'agir de façon révélée directement de Atsilout et de Arikh' Anpin. C'est la malédiction issue de la faute du premier homme où l'homme a l'impression d'agir grâce à son libre-arbitre alors que tout est décrété depuis le Kéter de Arikh'. C'est le monde du labeur ''à la sueur de ton front, tu te nourriras''. Les anges se matérialisent par les six ordres de la Michna. Ce monde est profane et la Michna est son processus de direction. En étudiant ses lois nous ne nous occupons que de la Chékhina de manière profane. C'est dans son intériorité que se trouve sa sainteté. L'acte d'une Mitsva est la réparation extérieure de la Chékhina et ce n'est que dans l'intention que l'on y met que se trouve la réparation intérieure de la Chékhina. Ceux qui servent Dieu et font les Mitsvot uniquement de manière superficielle, non pour la réparation de la Chékhina, sont du niveau de l'esclave, c'est le service par l'intermédiaire des anges. Les justes sont du niveau du fils, c'est le service intérieur sans passer par les six Séphirot inférieures dirigées par les anges. Le service extérieur est dépourvu d'intériorité et ne s'occupe pas d'accéder aux grands Moh'in afin de ressentir et de révéler la Chékhina qui est en nous. Le juste utilise les trois Séphirot supérieures pour faire le service divin, l'esclave n'utilise que les six Séphirot inférieures, les lois de la nature. Les justes par leur service se fondent à la Chékhina par le mystère de l'union. Et tout ce qu'ils font est dans l'union et l'amour. Mais le service par l'intermédiaire des anges n'est pas de l'ordre de l'union car ces anges ne sont de l'ordre que de l'extériorité. Seule la Néchama peut s'unir à la Chékhina. Mais si notre service n'est que dans les Mitsvot et non dans l'intention, si notre prière n'a pas d'intention véritable, si notre étude n'est que pour nous, nous ne sommes dirigés alors que par les anges, les six Séphirot inférieures sans lien direct avec la Chékhina. C'est cela l'exil de la Chékhina. Les anges n'ont aucun lien direct avec la Chékhina, celle-ci les dirigent sans que ceux-ci en aient conscience comme le verset l'enseigne: ''tous font sa volonté avec crainte''. Ce n'est que par l'amour que l'on peut arriver à l'union véritable. Sans amour, l'acte est détaché de son intention. Le but de l'homme est de servir Dieu par l'amour et donc par l'union de la Néchama avec la Chékhina. Ce n'est que par l'amour et l'union issue de cet amour que le mal va se transformer en bien. Les sciences sont définies par le Roi Shlomo comme étant ''vanité des vanités'' car elles ne s'occupent que de l'étude des forces angéliques, des six Séphirot et donc sans possibilité de se relier aux trois grands Moh'in de la Chékhina. Il est alors impossible de se relier à l'intériorité de ces forces que sont les Moh'in de la Chékhina. Pour cela, Rabbi Shimon a dit d'arrêter de travailler (Mélakha) qui est du niveau de l'ange (du Malakh). Le niveau de Chabbat est un niveau où le travail est interdit, où la conduite angélique est obsolète et où il n'y a qu'amour et union. 

 

L'union de la Malkhout avec le Kéter est du niveau de la Récha (début) et de la Séfa (fin). C'est cela, le mystère de l'union. Le Kéter dont parle le Ramh'al est le Kéter qui précède Adam Kadmon. Ce Kéter est lié à l'infini divin, c'est l'orientation première de la volonté divine car tout A-K n'est que la diffusion des six Séphirot inférieures. Avant A-K, il y a trois niveaux. L'orientation de sa volonté qui est représentée par le Kéter, est appelée la ''perfection de la volonté''. Dans Arikh' Anpin qui est la cause première, la perfection n'agit pas et donc personne ne peut ressentir la perfection. Celle-ci est pour ''demain''. Par la réparation de la Malkhout, nous pouvons atteindre la ''Récha'' directement qui est l'orientation première de sa volonté. C'est le mystère de la Ménouh'a, (sérénité) qui est le contraire de la Mélakha. Pour arriver à ce niveau, il faut que Arikh' se révèle directement avec force sur la Malkhout. Il faut faire régner le Kéter sur la Malkhout. Pour cela, il faut que le début du mouvement provienne de Arikh'. Tant que nous ne serons qu'au niveau de ZOUN, nous ne serons que dans le monde profane. Ce sont les sept jours de la semaine, la temporalité. Shabbat est d'un niveau d'au-delà de la temporalité, du niveau de Arikh' Anpin, du niveau de Abba et de Ima. Mais tant que la Malkhout n'est pas épurée, elle s'habille des habits profanes, elle s'habille des lois de la nature, Arikh' ne pourra diriger les mouvements de la Malkhout directement. C'est le niveau du Kodech qui est Abba et Ima et le Kodech Kodachim, le saint des saints, Arikh' Anpin. Sans ces niveaux, nous serons toujours dans le domaine profane des lois de la Nature des six Séphirot inférieures. C'est l'esclavage d’Égypte et de Parrho. Cet esclavage est en fait une envie profonde de rester dans les lois de la nature et de ressentir une certaine autonomie illusoire issue de cette conduite de causes et d'effets. Dans l'infini, il n'y a plus de fausses distinctions, il n'y a pas de couleurs différentielles, de degrés, tout est unité. Tout est pureté. Le Shabbat, la parole profane expulse l'homme du domaine privé de Arikh' au domaine public de Zéïr Anpin. Le domaine public est le niveau de la brisure des vases, c'est le début de la temporalité, c'est le monde des Nékoudim, c'est la domination du multiple, c'est Édom, c'est le règne du chaos, c'est la démocratie. Le Tikoun se fera du bas vers le haut: ramener le multiple à l'unité. Et ainsi, la Malkhout remontera jusqu'à Arikh. La Malkhout n'a pas besoin de Z-A, elle a besoin de Arikh'. Z-A est la construction des jours de la semaine, Chabbat c'est une autre construction de la Malkhout qui se dessine.

Rav Mordékhaï Chriqui

 

Provenance : Courrier pour Windows 10

 

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