lundi 27 novembre 2017

Vayetse - la réparation de la dualité


Paracha ''Vayétsé'' 
Rah'el et Léa: la réparation de la dualité.

À partir de Léa et de Rah'el, nous voyons les deux aspects de la présence divine et la réparation ontologique de la dualité qui existe depuis la création. Le mot « béréchit» signifie pour le Zohar ''deux commencements'' ou bien deux aspects du commencement. Il y a un commencement qui est caché de l'ordre du Kéter, de la couronne et un autre commencement de l'ordre du dévoilé. Ce commencement révèle l'aspect de la connaissance, des sciences. 
Le commencement caché est de l'ordre de l'intériorité. C'est le plan caché de la création qui se révèle à travers les événements de l'histoire de l'humanité. Ce sont les deux voies de l'arbre de la connaissance et de l'arbre de l'éternité, la voie de la dualité et la voie de l'Unité. Cette dualité se révèle déjà au moment de la création où il y a séparation du Or et du Kéli. Les lois physiques étant ces réceptacles (Kéli) et qui sont animées par une énergie divine intérieure qui est le Kav, le rayon lumineux, le Or. 
Il y a une symbolique et un mystère derrière les deux femmes de Yaacov que sont Léa et Rah'el. Léa représente la valeur de l'unité de la transcendance. Elle va lui donner Lévi qui représente la prêtrise, Yéhouda qui représente la royauté et Issakhar qui représente la Torah. C'est Léa donc qui apporte au monde l'essence même de la divinité. Léa représente la présence divine au niveau de l'intériorité, au niveau du véritable discernement de l'ordre du divin et c'est à partir de ces trois aspects de l'intériorité que la présence divine se révèle de manière profonde. Rah'el va enfanter le principal des enfants qui s'appelle Yossef. Avec Yossef et Yéhouda, va se faire la réparation de la dualité mais déjà par Léa et Rah'el, commence cette réparation primordiale et ontologique qui est inhérente à la création: extériorité et intériorité. Il y a donc la Chékhina de l'ordre de l'intériorité, Léa et la Chékhina de l'ordre de l'extériorité, Rah'el. Léa représentant la mère suprême et Rah'el, la fille. 
Le Ramh'al explique dans son livre ''Kinat Hachem Tsévaot'' que l'arbre de vie est l'intériorité et l'arbre de la connaissance, l'extériorité. Ces deux arbres auraient dû s'unir d'une grande union. Il n'y a pas une abnégation de l'arbre de la connaissance, il ne doit pas être rejeté mais unifié à l'arbre de l'éternité comme le corps avec l'âme. Il faut qu'il soit animé par l'intériorité. Ce n'est que lorsque l'extériorité va atteindre sa perfection, qu'elle pourra être unifiée à l'intériorité. Cette perfection sera atteinte en extirpant le mal qu'il y a dans l'arbre de la connaissance, cette orientation du mal qui existe dans cette voie du savoir rationnel. Ce n'est juste qu'une force et non un pouvoir souverain. Cette force maléfique ne peut subsister que de la ''chair'', que de l'extériorité et si l'homme n'avait pas donné place et une prédisposition à son corps, alors l'union entre celui-ci et l'âme aurait été de fait. Par la domination de ce corps, la voie de la connaissance va révéler le règne du multiple, de la quantité où toutes les forces se déchirent entre elles, où il n'y a pas d'unité, de ligne conductrice en vérité. Par la faute du premier homme, cette extériorité a été affectée et son corps s'est alors détérioré complètement et doit alors mourir. Ce corps ne peut plus vivre alors l'éternité car celle-ci ne peut se vivre que par l'union du corps à l'âme lors de la résurrection. Ce qui a été affecté n'est pas le corps mais l'origine du corps, l'arbre de la connaissance qui est un principe, une voie, un programme de la création qui peut être défini par le terme ''Kéli'', ''instrument''. Cette voie devient un instrument qui veut régner. Par la réparation de l'extériorité, tous les exils sont réparés, qu'ils soient particuliers ou de l'ordre de l'universalité et même l'exil de la présence divine, de la Chékhina. Cette présence n'est pas alors en communication avec le transcendant. Cette union de la chékhina et du transcendant est donc de l'ordre de l'extériorité et de l'intériorité, des deux messies, l'un issu de l'intériorité qu'est le Messie fils de David (Léa) et l'autre de l'extériorité qu'est le Messie fils de Yossef (Rah'el). Ces deux messies sont en fait les deux programmes de la création. L'essence et l'existence, le Or et le Kéli, le rayon et l'instrument doivent être reliés. Reliant la physique à la métaphysique, reliant la voie de la connaissance à la voie de l'éternité, la connaissance sensorielle symbolisée par Rah'el à la connaissance divine au-delà des sens symbolisée par Léa. Pour le Ramh'al, Essav était prédisposé à être le Messie fils de Yossef. Mais il y a une difficulté à cette extériorité de se soumettre à l'intériorité. Pour cette raison, Yaacov a été obligé de ruser afin de soumettre Essav. La réparation de cette extériorité ne va pas se faire par les deux hommes que sont Yaacov et Essav mais par les deux femmes que sont Léa et Rah'el. Léa va s'exprimer par ses trois enfants qui sont les trois couronnes de la Torah, du service et de la royauté qui sont l'essentiel de l'intériorité du peuple juif. Mais il y a une quatrième couronne enseigne la Michna, la couronne de la bonne renommée qui est l'essence de l'extériorité du peuple juif par Yossef fils de Rah'el. Cette extériorité pourtant est au-dessus de l'intériorité. Sans forme extérieure, l'intériorité de la Torah ne peut s'exprimer. Mais sans intériorité, la beauté seule est un danger, la forme est alors idéalisée comme chez les grecs. La perfection ne peut se révéler que par l'union de cette extériorité avec l'intériorité. 
Au niveau de la création, le corps a été créé en premier pour alors lui insuffler une âme, donc c'est l'existence qui précède l'essence. Mais en vérité, l'âme existe avant la formation de ce corps. Avant la forme, il y a un degré de l'existence divine qui s'appelle l'âme, une étincelle divine. Il faut que l'extériorité donne une place à l'intériorité car en général, les gens sont attirés par l'extériorité et très peu par l'intériorité. Cette extériorité même si elle est importante, ne doit pas être l'idéal. Si cette extériorité devient le but, l'idéal, alors c'est la catastrophe, c'est la brisure des vases car l'extériorité ne peut pas vivre sans l'intériorité. Par contre l'intériorité peut vivre seule dans le monde des âmes. Dans le monde spirituel et divin, il y a une vie de l'intériorité indépendante de l'extériorité. L'âme n'a pas besoin de corps mais le corps a besoin d'une âme. Mais en vérité pour s'élever à un degré qui est l'amour, l'âme a besoin du corps. L'âme en elle-même est une intelligence séparée comme l'intelligence angélique. Cette âme dans le monde des âmes n'a aucune possibilité d'atteindre son essence divine. Elle ne peut uniquement que craindre Dieu. Les anges comme les âmes accomplissent avec crainte la volonté de Dieu. L'union de l'âme avec le corps va permettre cette connexion avec Dieu de manière consciente. Pour atteindre l'éternité, l'origine des origines, on a besoin de cette dimension qu'est l'âme divine. Celle-ci va permettre au corps d'atteindre cette essence, cette quintessence. Mais grâce à ce corps, l'âme va pouvoir aimer Dieu car pour aimer, il faut d'abord un éloignement. Car l'âme sans le corps ressent la présence divine d'une manière extrême qui lui enlève cette conscience autonome d'agir. Ce n'est qu'en descendant dans le corps que l'âme a la possibilité de refuser d'agir selon les directives de la présence divine. Cela crée alors une distance, un manque que l'âme veut combler pour ressentir cette présence divine. C'est grâce à cet éloignement dû au corps que l'âme ressent ce besoin d'unification avec Dieu. C'est ce que fait Rah'el, elle va donner sa place à Léa. C'est l'âme qui va dominer ce corps afin de pouvoir réintégrer sa place auprès de Dieu. Yaacov n'est pas séduit par Léa mais par Rah'el. Cette séduction est du même ordre que la séduction du premier homme pour l'arbre de la connaissance. Mais au contraire du premier homme, Léa va se substituer à Rah'el, l'arbre de l'éternité va prendre la place de l'arbre de la connaissance. L'homme a alors la force d'élever ses envies matérielles au rang de l'éternité. La réparation de Léa est liée au tétragramme de l'ordre de l'intériorité alors que la réparation de Rah'el est liée à Élokim de l'ordre de l'extériorité. La véritable réparation est de réparer cette dualité, il faut prendre la voie de la rationalité, la voie du serpent et l'unifier à la voie du tétragramme, à la voie de l'unité. Dieu n'est pas que transcendant, il est aussi de l'ordre de l’immanence, il est le moteur et le créateur de toute énergie de ce monde. Le tétragramme précède Élokim et sans Avaya, Élokim nous amène au chaos. Ce principe unificateur ne se révèle pas lorsque Léa et Rah'el sont séparées. En réunissant ces deux côtés de la Chékhina que sont Léa et Rah'el, le principe de la Avaya va se révéler dans Élokim pour le diriger vers l'unité divine, l'aspect de l'essence s'habillant dans l'aspect de la forme, le rattachant continuellement au principe unificateur. C'est cela l'omniprésent, l'omniscient. Ce moteur unificateur est représenté par Léa, c'est pour cela qu'elle doit se marier en premier avec Yaacov. En donnant sa place à Léa, Rah'el a laissé la place à l'intériorité de diriger l'extériorité. Ainsi dans toutes nos actions, nous devons révéler tout d'abord le moteur transcendant qui anime l'immanant. Le but de l'homme sur terre est de réveiller l'intériorité qu'il y a dans toute action de ce monde.

Rav Mordékhaï Chriqui (5778)
Retranscription Rav Michael Smadja
Publie par la Source des sagesses
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