lundi 6 novembre 2017

Vayera la révélation de l'Ancien dans la création

Paracha Vayéra 5778

La révélation de Atik ( l'Ancien des jours) qui est la forme divine d'avant la création

En partant vers la terre d'Israël, Avraham va en vérité à la découverte de Dieu. Il fait un voyage initiatique jusqu'aux tréfonds de lui-même, jusqu'au point central de la création. 

Il y a écrit deux fois les mots ''lekh' lékha'' ''va pour toi-même'' dans la Torah qui veulent dire ''va à la rencontre de ton origine primordiale. Une fois au moment où il se jette dans la fournaise de Kasdim et où Dieu lui demande de se diriger vers la terre d'Israël et une fois au moment de la Akédat Isth'ak, du ligotage de Isth'ak. 

Cette fournaise n'est pas qu'un lieu géographique, c'est aussi la représentation de l'espace primordial, du H'allal ( vide) où tout a commencé, où se trouve l'A-D-N, les gênes, la trace de toute la création. Mais encore à ce niveau extrême et vaporeux de la création, le moteur même du monde, ce qui anime toute cette Nature n'est pas perceptible. Il ne trouve dans cet espace que le chaos, un Magma de forces en fusion sans cohérence apparente. (C'est un peu cette sensation que vivent les gens en ce moment où toutes les croyances s'entrechoquent dans leur esprit et qu'à la fin ils ne croient plus en rien car toutes ces pensées sont inconsistances sans fondement). Car en vérité, il n'y a pas à ce niveau la révélation de la lumière infinie qui fait exister tout ce Magma en fusion, cette conscience divine qui anime les créatures. Cette espace primordial que Avraham a atteint est un vide mais un vide d'infini, où la création est en gestation et où Dieu donc est caché. Ce vide divin se révèle en fait dans chacun de nos actes car en fait, rien n'est créé de nouveau et tout est contenu dans cet espace vide primordial. Alors Dieu demande à Avraham de quitter ce niveau de création d'où la cause principielle est absente (cachée) pour aller dans ce niveau qu'est la terre de Kénaan où se trouve la perception de ce moteur divin. En entrant dans cette terre, il ne connaît Dieu que par la voix, c'est le degré de la prophétie mais il ne visualise rien. Il ne voit que la famine et les difficultés matérielles. Il continu alors son évolution vers l’Égypte. Il y a alors encore une autre rencontre avec Dieu, un autre niveau de conscience de Dieu où la parole divine est entendu même par le roi égyptien. Puis Avraham continue épreuve après épreuve, étape après étape dans cette ascension depuis le vide primordial jusqu'à l'épreuve finale qu'est le ligotage de son fils. Ce n'est pas le sacrifice mais le ligotage des sens. Itsh'ak représente l'engendrement, le corps, la matière à l'état de perfection. Il faut ligoter la Nature afin de faire entrer à l'intérieur le rayon de l'infini. Avraham Avinou correspond à ce rayon infini qui entre dans la trace laissée par le retrait de cet infini, c'est cela le ligotage de la matière avec le rayon infini. À notre niveau, ce ligotage a pour conséquence le ligotage des sens, le ligotage de notre perception, de notre intelligence à la perception divine et infinie, à l'intelligence divine et infinie qui est issue de la foi en Dieu. Par ce ligotage (/paralysie des membres lors de certaines méditations), nous pouvons comprendre quel est la véritable puissance qui nous anime.

Le patriarche Avraham symbolise donc le rayon infini qui est la parole de Dieu. Itsh'ak symbolise la limite, la rigueur, la Nature. Il faut alors attacher l'infini avec la nature, le ligotage de Itsh'ak par Avraham. 

Mais que se passe t-il après le ligotage? Que va amener ce ligotage au niveau de la création? Il est écrit qu'après le ligotage, Avraham a appelé le mont Amoriah ''l'endroit où Dieu lui est apparu''. C'est le lieu où Avraham a vu Dieu. Avraham se révèle en Dieu et Dieu se trouve en Avraham. Dieu lui dit alors «je jure par moi-même parce que tu n'as point épargné ton fils, je multiplierai ta descendance...» sur quoi jure Dieu? Qu'y a t-il au-dessus de Dieu afin qu'il jure sur lui? 

Le Zohar explique ainsi: « on a enseigné que l'ancien (Atik) est le plus caché et scellé de tous les noms de Dieu. Ce nom de Atik n'est mentionné dans la Torah qu'une seule fois, lorsque le ''petit visage'' ''Zéïr Anpin'' jure à Avraham. C'est par ce nom de Atik, du grand visage que Zéïr Anpin jure à Avraham. Atik étant le visage de Dieu avant la création. On ne parle pas évidemment de l'essence de Dieu. Avraham va vivre après le ligotage cette expérience de l'absolu divin qu'est ce visage qui est appelé Attik. Il rentre alors dans la cinquantième porte de la sagesse car il a été capable de ligoter sa nature, ses engendrements car tout ceci ne nous appartient pas. Par le ligotage de la perception des sens, cette cinquantième porte s'ouvre à l'entendement humain. L'existence ne dépend plus de mes sens, de mes perceptions et des vérités issues de ces sens. Alors le rayon infini peut entrer dans l'espace primordial pour le faire vivre qui va révéler le visage de Dieu d'avant la création. 

« au commencement il a créé Élokim...» ce ''Élokim'' est en fait la multitude des forces divines. Il y a un maître unique à ces forces. Au moment de la création, nous sommes loin de l'unité, c'est le chaos de toutes ces forces révélées par le nom Élokim. Ces forces chaotiques correspondront plus tard à des expressions de Dieu, à des visages de Dieu. Chaque expression n'est pas une réalité intrinsèque mais une dynamique dans le temps car en réalité, il n'y a qu'une seule réalité divine. Toutes ces expressions ne sont que des habits à sa volonté unique. Les visages par lesquelles, la volonté de Dieu se manifeste, sont comme des habits. Dieu prend le visage de la rigueur, de la bonté ou bien de la justice, de l'amour et de la compassion jusqu'à prendre le visage d'un criminel. Ces visages expriment le mouvement et l'action divine mais en aucun cas, ils ne correspondent aux attributs divins. Jusqu'à la Akéda, Avraham s'adresse aux visages de Dieu qui se révèlent dans ce petit visage, de Zéïr Anpin comme au moment de la destruction de Sédom mais en aucun cas à ce niveau divin qu'est le Attik, l'ancien. Ce petit visage correspond à la direction divine de la justice. Avraham connaît alors tous les visages de Dieu mais il n'arrive pas à faire l'union de tous ces visages, l'union des antinomies, l'union des oppositions. Au moment de la Akéda, il prend son fils et veut le sacrifier, ce qui est à l'opposé de toutes ses conceptions et valeurs de vérité, alors qu'avant il réagissait à toutes les requêtes de Dieu. Car maintenant, il rentre dans cette catégorie de celui qui craint Dieu. Il atteint la crainte révérencielle de Dieu qui est complètement séparée de la crainte de la punition. Il n'y a plus alors la crainte de la mort, il n'y a plus que la crainte révérencielle de la gloire qui est présente en nous et nous sommes présents en elle. Cette expérience de la crainte de Dieu qui se révèle en son fort intérieur est sa dernière expérience. Cette expérience va lui faire connaître une autre forme de Dieu et non plus uniquement le Dieu de la création (qui est d'après les Kabbalistes, la révélation de Dieu par le Tsimtsoum, la restriction de l'infinitude divin qui est Élokim qui peut devenir des dieux étrangers). 

Du Dieu de la création, les hommes vont ne percevoir que des lois naturelles extirpées de leur intériorité divine alors qu'il y a un maître à toutes ces lois qui les coordonne et qui les réunit dans une seule et unique volonté. En restant dans la création, il est impossible d'atteindre ce niveau de perception de l'unique et même en sortant de la fournaise et en entrant dans la terre de Kénaan, Avraham reste encore cloué avec cette idée que Dieu n'est pas présent continuellement dans la création. Cette perception du divin dans la continuité ne peut se faire que lorsqu'il y a une union du rayon de l'infini dans la trace qui a engendré la création. Cette relation, Avraham l'a réalisée par la Akéda, le ligotage des Séphirot au Kav. C'est dans l'union du divin avec la création, de l'âme et du corps qu'apparaît la révélation divine. Il ligote le petit visage, Zéïr Anpin à l'ancien, Attik qui est cet aspect vrai et authentique de Dieu qui est au-dessus de la création, c'est le transcendant. Avraham a alors atteint une relation avec l'infini en s'extrayant de la conduite du petit visage. 

Nous pouvons vivre dans ce monde en étant serviteur de Dieu et ne pas vivre la vie divine, ne pas vivre l'éternité. Il faut en quelque sorte le sacrifice de la vie temporaire et éphémère pour atteindre cette vie éternelle qu'est la perception de la conduite divine de Attik. Jusqu'à la Akéda, Avraham ne voit pas Dieu, il ne perçoit que sa voix. Par la Akéda, Avraham a arrêté de percevoir par ses sens, il a arrêté de réfléchir, d'être rationnel. Il faut rattacher le rationnel à la connaissance divine, le corps à l'âme. 

Ce Attik, cette conduite de l'infini s'habille dans cette conduite de la limite, de la trace. Avraham a atteint cet au-delà de la limite. Dieu l'invite même à déshabiller ce vêtement, à arrêter le questionnement logique qui habille la conduite divine dans ce monde.

Rav Mordékhaï Chriqui (5777)
Retranscription Rav Michael Smadja
Publie par la Source des sagesses

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