mardi 21 novembre 2017

Paracha, Vayetse - la conduite de la création


Paracha ''Vayétsé'' 
La Conduite de la Création

Nous allons évoquer le sujet des bêtes zébrées aux pattes ''Akoudim'', pointées ''Nékoudim '' et zébrées sur tout le corps ''Béroudim''
Dans le temps où Yaacov travaillait chez Lavan, celui-ci essayait de ruser et de tromper Yaacov au sujet du salaire de son travail. Lavan étant le principe même des lois de la nature ''Elokim''.
Cette notion de ''Akoudim'' ''Nékoudim'' et ''Béroudim'' est définie dans la Kabbale comme un cheminement dans la réparation du monde ''Tikoun Olam''.
Nous voyons que les scientifiques ont une connaissance très poussée de la nature, comment elle se comporte jusqu'à prévoir ses conséquences futures dans toutes les sciences qui régissent cette nature. Yaacov Avinou vient nous montrer qu'il y a des exceptions à ces lois de la nature et c'est le peuple d'Israël.
Le Zohar explique que le troupeau de Yaacov fait référence au peuple d'Israël. Ce sont les âmes que Yaacov a amené dans le monde comme dit le Zohar à propos du verset ''et pour les troupeaux, ''Mikné'', Yaacov a fait des Soukot'' ''Mikné'' fait référence aux possessions de Yaacov c'est-a-dire les Néchamot de Israël qui sont en fait la complétude du peuple d'Israël. Si nous allons selon les lois de la nature alors il apparaîtra que notre situation est d'un niveau de ''brisure'' et chacun de nous et chacun des peuples a passé ce temps de ''brisure''. La ''brisure'' dans la Kabbale est appelé ''olam anékoudim'', le ''monde des points''. Il y a une situation avant les Nékoudim et une situation après les Nékoudim. Les ''Akoudim'' est la situation avant cette brisure des Nékoudim et ''Béroudim'' est la situation après la brisure. ''Akoudim'' c'est l'union, la ligature du Or et du Kéli ensemble ce qui représente aussi l'union du corps (le Kéli) et de la Néchama (Or). Lorsque les deux sont unis c'est la situation de la perfection. Cependant ce niveau est une situation avant la création de ce monde car l'existence de ce monde est justement venue par la séparation du ''Or'' et du ''Kéli'' c'est-a-dire la ''séparation'' de la divinité et de la créature, de la lumière infinie et de la matière. Et cette autonomie de la matière fait que ce monde puisse exister dans cette situation. S'il existe du bois, du fer...c'est parce que les Kélim sont dans une situation de séparation d'avec la lumière. Tous les éléments de la nature n'existent que parce qu'il y a des ''Kélim''. Sans Kélim, il ne peut y avoir d'existence comme la notre. Mais dans cette situation où les Kélim sont séparés, il y a des niveaux de création car le ''Or'' est toujours présent qui agit d'une manière plus où moins intensif: le minéral, le végétal, l'animal et l'humain. Le Kéli seul c'est le ''mal''. Cette séparation du ''Or'' entraîne d'un côté une autonomie et une existence aux créatures mais d'un autre côté entraîne une situation qui s'appelle la ''destruction''. Et au moment où le corps domine, c'est la destruction. C'est ce que la Torah décrit comme étant ''tohou vavohou'' le chaos, la domination du Kéli sur le Or qui est la domination du corps sur l'âme.
''Béroudim'' est le monde de la réparation lorsque le ''Or'' et les ''Kélim'' s'unissent de nouveau. Bien qu'ils étaient déjà unis mais une fois que les Kélim ont reçu une autonomie, cette lumière revient de nouveau dans ces Kélim afin de s'unifier totalement et alors il y a la possibilité d'une existence éternelle.
Et même l'animal a cette faculté d'exister, même le soleil a cette faculté d'exister car bien que l'extériorité a un pouvoir de domination mais dans chaque Kéli, il y a une étincelle d'intériorité divine qui le fait perdurer dans le temps. Mais lorsque le Kéli est seul à dominer, c'est la destruction.
Les ''Béroudim'' sont le monde du Tikoun. Le maître du monde a commencé cette réparation. Mais cette union du Or et du Kéli n'est pas encore complète et parfaite. Cette union pour l'instant ne fait que laisser le monde dans un état de statut-quo où le monde ne se détruit pas de lui-même. Uniquement, dans les temps à venir à la résurrection des morts, le monde retournera dans ce niveau, dans cette situation de ''Akoudim'' complètement réparée où le Or réintégrera le kéli, l'âme réintégrera le corps pour le dominer totalement et la vie éternelle apparaîtra. Cette situation qui s'appelle la ''résurrection des morts'' est le monde des ''Akoudim'' complètement réparé.
Yaacov Avinou après qu'il ai eu ses enfants, a voulu partir mais du ciel, est venu le conseil de Lavan de rester encore six ans afin de bâtir son propre troupeau, sa possession. Et de cette possession a été enlevée la brisure. Tous les peuples doivent arriver à un moment donné à une destruction bien qu'ils aient une existence dans le temps assez conséquente. Le peuple d'Israël a dévoilé et dévoilera encore plus ce principe d'éternité. Pour cela, cette situation de ''Béroudim'', ce n'est pas tout le monde qui la traversera. Au moment où la brisure se fait, le corps se déconnecte de l'âme, de la racine qui lui insuffle l'existence qu'il soit un végétal ou un animal ou un être humain ou même une nation. Cette déconnexion s'appelle la mort. Ainsi nous la voyons à propos des rois de Edom ''il a régné et il est mort''. La royauté de ces rois c'est-à-dire la domination de l'extériorité, de l'enveloppe entraîne la mort. Il est vrai que cette enveloppe ne peut exister dans un laps de temps si ce n'est que par la lumière qui se diffuse un peu en lui. '' tout mensonge ne peut tromper si ce n'est qu'en y introduisant une petite part de vérité''. Il y a oui une existence au mensonge grâce à la vérité. Ainsi pour l'extériorité, elle ne peut exister sans une pointe d'intériorité divine. Mais cette intériorité est vouée à se déconnecter.
Yaacov Avinou lorsqu'il est sorti de chez son père, cela a été pour entrer dans la matière, dans un endroit de colère (h'aran) dans un endroit où règne la séparation. Un endroit de détérioration, un endroit où le mal, où ''l'autre côté'' domine, où toutes les possessions sont à Lavan où même les enfants de Yaacov sont les enfants de Lavan. C'est-à-dire que sans Lavan, Yaacov n'a rien. Lavan est le symbole de la ruse, c'est le serpent primordial, c'est l'écorce c'est aussi le désir, l'envie de posséder. Sans envie, c'est la situation où il n'y a aucune domination du corps et donc où la mort ne domine pas.
Au commencement dans ''Atsilout'', tout ce qui émane de Dieu est dans une situation de suprématie du ''mal''. Ce renforcement du ''mal'' est ce qui est dénommé ''Nékoudim''. Avraham Avinou par la ''Akéda'' a atteint ce niveau de ''Akoudim'' où le corps est attaché à la Néchama. L'intellect du corps ne peut plus à ce niveau déstabiliser la Néchama. Elle n'a plus de questions existentielles. ''Avraham s'est levé très tôt le matin et a scellé son âne'' (H'amor) allusion à la domination du corps. Il y a un autre niveau encore plus haut ''et il est monté vers la montagne'' où il y a l'union. Donc les Akoudim font allusion à Avraham Avinou qui est le premier à avoir révélé la divinité dans la matière c'est-à-dire une situation où le corps doit annuler ses envies, ses désirs afin d'être l'esclave de la Néchama. Puis Ytsh'ak est venu et fait allusion aux Nékoudim, le monde des jugements. Le mot ''ביצחק'' à la même valeur numérique 210 que ''נקודים'' et que l'exil d’Égypte. Il est vrai que Ytsh'ak a eu le mérite d'être un sacrifice intègre mais il peut aussi détruire le monde entier comme Essav qui est cet aspect même du monde, de l'empreinte, du jugement. Et la descendance de Ytsh'ak ne peut venir que du monde des Nékoudim. Car s'il n'y a pas de Nékoudim, de séparation, il ne peut pas y avoir de notion d'union. C'est vrai que Nékoudim, c'est la brisure mais si je suis toujours lié comme dans Akoudim, il ne peut y avoir d'engendrement. Et cet engendrement doit arriver à une séparation afin que se séparent ces deux forces comme le masculin et le féminin, le Or et le Kéli pour en arriver à s'unir de nouveau. Cet accouplement est en lui-même la destruction, le chaos qui est pour les besoins supérieurs, les besoins de la réunion de ces deux forces que sont le Or et le Kéli, l'âme et le corps, afin que chacun sache où il se tient. Mais si je me trouve englobé dans la matrice, dans la source, je suis complètement annulé et je n'ai aucune existence indépendante et donc aucune réalité propre. L'identité vient uniquement par le phénomène de séparation. Ainsi en est-il du peuple d'Israël, il doit se séparer, c'est l'exil, même Yaacov a eu besoin de se séparer afin qu'il amène des engendrements au monde. Et alors il s'unira grâce au principe qui s'appelle ''Noukva'', la ''Malkhout'', le Kéli. Il y a une ''Malkhout'' de Kédoucha où le Kéli est le principe de Noukva. Il y a des Kélim impurs qui engendrent et au contraire qui diffusent une domination et une destruction. Mais le peuple d'Israël par la possibilité de s'unir à Dieu peut arriver à la réparation du monde et de ces Kélim. Par cette union, le peuple d'Israël devient une part de Dieu. Mais à ce niveau des Nékoudim, il faut les séparer et toute la séparation de la création n'est là que pour le peuple d'Israël.
''Béréchit bara Elokim '' pour Israël, le monde a été créé. Cette séparation est pour les besoins de cette union d'avec Dieu. Nous sommes annulés et le monde est annulé: cela est le monde des Akoudim. Les Nékoudim c'est la séparation du corps et de l'âme et dans cette situation, le corps peut dominer. Yaacov chez Lavan aurait pu devenir impur et se perdre s'il n'y avait pas eu ses femmes saintes et pures. Et ces deux mariages ont été la réparation du Kéli. Yaacov étant le Or et ces deux Kélim que sont Rah'el et Léa ont pu recevoir sa lumière et alors ces deux unions sont appelés ''Béroudim''.
''Akoudim, Nékoudim et Béroudim'' est le fonctionnement de la création et sa réparation. Yaacov a franchi ces étapes afin de faire traverser le peuple d'Israël qui est le plan de ce Tikoun sans passer par une séparation qui soit trop grande jusqu'à ce que le monde se détruise de lui-même. Ces ''Akoudim-Nékoudim-Béroudim'' qu'a fait Yaacov est une allusion à la conduite de la création, à sa destruction et à sa réparation finale.

Rav Mordékhaï Chriqui (5776)
Retranscription Rav Michael Smadja
Publie par la Source des sagesses
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